Un constat est d'abord à faire. Pratiquement, pour ne pas dire exclusivement, c'est sur la base du social que commencent les émeutes. L'idée d'une contestation permanente repose sur celle que la répression est permanente. Un autre constat est à faire. Ni les partis de l'alliance ne peuvent tempérer et apaiser les crises locales, ni les partis d'opposition par le biais de leurs élus ne peuvent les récupérer, ni le mouvement associatif légal existant ne possède une réelle influence. Alors, s'impose une première question. Comment anticiper et faire disparaître les foyers de crise ? Convenons quand même que dans tous les systèmes politiques, c'est-à-dire dans tous les pays, une situation dans laquelle il n'y aurait pas du tout de problèmes dans les relations entre les populations et ceux qui sont chargés de les servir (élus et administration) n'existe pas en fait. De temps à autre, éclataient des crises sous la forme d'émeutes, et parfois même, ce qui est plus grave, sous la forme de confrontations intercommunautaires, ou entre tribus. Quand bien même qu'il n'apparaisse pas du tout que ces émeutes ou confrontations soient coordonnées, puisqu'elles ne surviennent pas en même temps, leurs fréquences dans leur rotation géographique même avec un étalement dans le temps, comportent le risque de finir en conjonction et en apothéose, un autre octobre avec une intensité supérieure. Il y a bien plusieurs façons de traduire cette situation par des facteurs qui participent majoritairement à la survenance de crises dont la rue se saisit car le débat en la matière a déserté l'enceinte parlementaire. Y a-t-il un champ politique où les acteurs politiques débattront de notre modèle économique ? Y a-t-il un champ économique où nos opérateurs et acteurs sociaux débattront des conditions sociales des travailleurs ? Qui doit faire dans la prévention ? Les fonctionnaires, les élus ou les services chargés de lire et de traiter les informations et même de procéder à des propositions de solutions ? Il existe bien un organisme créé justement pour donner l'alerte bien avant l'éclatement de la crise et de faire des propositions en matière d'aide à la gestion de crises. La mission de cet organisme, créé par décret, consiste bien à prévenir les crises, ou plutôt les émeutes, les gérer par le dialogue et des solutions qui ne font pas appel aux moyens de répression, en traiter les causes de façon à ce que celles-ci ne resurgissent plus pour redonner naissance à d'autres crises, d'autres émeutes. N. B.