Le recours par le président de la République au politique réussira-t-il à désamorcer la crise sociale et apaiser l'ébullition populaire ? C'est ce que nous dira le proche avenir. Les décisions prises, lors du dernier Conseil des ministres, ont la vocation d'ouvrir le champ économique et libérer les initiatives. Elles ont le mérite de cibler la croissance durable et la productivité. Près de 400 milliards de dollars alloués aux deux précédents programmes quinquennaux n'ont pas réussi à impulser une véritable dynamique de croissance. Experts et analystes s'accordent à reconnaître les efforts de l'Algérie en terme de réalisation et de projets structurants mais n'ayant généré aucune productivité et encore moins de richesse et maintenant la dépendance du pays aux recettes d'hydrocarbures. La recette concoctée par le gouvernement pour assurer une croissance durable, et déclencher une productivité, passerait donc par le foncier, le financement, le tourisme et l'agriculture. Mais aussi et surtout par l'implication des banques et l'encouragement par des mesures incitatives à peupler les régions du sud et des Hauts-Plateaux. Il serait donc question "d'arrêter de légiférer à tout-va et d'améliorer le climat d'investissement en mettant l'administration au service des opérateurs économiques. Cela passe par une stabilité institutionnelle (…) et parvenir à produire des textes adéquats en matière de législation économique, en tenant compte de l'environnement économique, et de diminuer leur nombre jugé élevé", déclarait, il y a quelques jours, le secrétaire d'Etat chargé de la Statistique, M. Boukrami qui préconisait de "réorienter l'investissement public vers la production". C'est donc chose faite à la lecture des dernières décisions prises, en Conseil des ministres, par Abdelaziz Bouteflika. Les recommandations présentées par le gouvernement visant à dynamiser l'investissement répondraient aux attentes des opérateurs et autres intervenants et dégagent les horizons, notamment sur le plan de l'épineuse question du foncier destiné à l'investissement. Quatre décisions ont été prises concernant particulièrement "la concession des terrains aux investisseurs, sur la base d'un cahier de charges, par la voie du gré à gré, avec une redevance locative déterminée par les services des Domaines", la "réductions sur le prix de cette redevance locative, à hauteur de 90% pendant la période de réalisation de l'investissement (3 ans au maximum), et de 50% pendant la période de démarrage de l'exploitation de l'investissement (3 ans au maximum)". La même décision tend à avantager les wilayas du Sud et des Hauts-Plateaux où "la redevance locative sera de 1 DA symbolique par mètre carré pendant dix années, et, au-delà, elle sera de 50% de sa valeur domaniale". Cette dernière mesure serait susceptible de susciter l'intérêt de futurs "pionniers" qui repeupleront ces régions désertiques et allégeront de la pression qui s'abat sur la bande du littoral et le nord du pays où il y a de plus en plus de concentration. En attendant la création des trente nouvelles zones industrielles d'une surface de 4 000 hectares, les collectivités locales bénéficieront d'une dotation budgétaire d'un maximum de 15 milliards de dinars annuelle pour réhabiliter et développer les zones d'activités " et qui sera mise en place pour l'année courante et celle de 2012. L'investissement a, à son tour, été revisité et viens de bénéficier de cinq décisions traitant de "l'amélioration du financement" dont "la mise à la disposition des banques publiques par le Trésor, d'une ligne de crédit à long terme de 100 milliards de dinars renouvelable". Le secteur de l'agriculture susceptible de générer des postes d'emploi, en plus des richesses, n'a pas été délaissé et a bénéficié, lui aussi, d'une série de décisions. La surface de la concession agricole est passée de 5 à 10 hectares avec "l'application des abattements sur la redevance de concession". La facilitation accordée aux opérateurs économiques nationaux de mettre en valeur des périmètres agricoles boostera certainement la production agroalimentaire locale et évitera le recours à l'importation de matières premières d'autant que des prêts "bonifiés à hauteur de 1 million de dinars par hectare" sont consentis "pour la mise en valeur des terres et la création d'exploitations". La contribution et l'association du producteur agricole à la transformation a été à son tour prévue par le dernier Conseil des ministres qui accorde, à cet effet, "des crédits bonifiés et à terme (qui) seront mis à la disposition des unités industrielles agroalimentaires (laiterie, conditionnement de tomate…) qui octroieront, à leur tour, des préfinancements aux éleveurs et cultivateurs de leurs filières". Le dispositif d'aide à la création propre d'activités et d'emplois par le biais des micros investissements a été à son tour revalorisé. Cela sous entend une réduction de leur apport personnel au titre du financement de l'investissement (ramené de 5% à 1% pour les investissements ne dépassant pas 5 millions DA, et de 10% à 2% pour les investissements allant jusqu'à 10 millions DA), ainsi que "l'élargissement du seuil maximal de bonification des taux d'intérêts sur le crédit bancaire (à savoir 80% au Nord et 95% au Sud et dans les Hauts-Plateaux) aux activités dans le bâtiment, travaux publics et l'hydraulique (BTPH) et l'Industrie de transformation". Le travail à domicile par le biais du dispositif utilisé par des femmes au foyer réalisant une activité destinée à améliorer le revenu familial tout comme les personnes désireuses d'exercer une activité manuelle par l'acquisition de matières premières et de petits matériels et équipements bénéficie d'un relèvement à 100 000 DA du montant du crédit sans intérêt. Cette armada législative reste, cependant, tributaire de la réaction de l'administration qui jusque là s'est érigée en frein et suscitant une aversion populaire. Phénomène qui aura incité le chef de l'Etat à lancer un message appelant "(…) nos administrations et institutions financières à mettre en œuvre efficacement toutes ces mesures (…)".