Le ministre allemand de l'Economie Rainer Brüderle a déclaré mercredi qu'il "préférait une solution privée" plutôt qu'une entrée de l'Etat au capital du groupe EADS, dont le constructeur automobile Daimler pourrait se désengager. Interrogé sur la création d'une "golden share", qui permettrait aux pouvoirs publics allemands de détenir un droit de veto sur l'évolution du capital d'EADS, M. Brüderle a répondu: "c'est une option parmi d'autres, mais ce n'est un mystère pour personne que nous préférons une solution privée", lors d'une conférence de presse à Berlin. "Nous voulons préserver l'équilibre franco-allemand" au sein d'EADS, a encore dit M. Brüderle. Le constructeur automobile Daimler détient 15% du capital d'EADS et 22,5% des droits de vote, à parité avec le groupe français Lagardère allié à l'Etat français. La chancelière allemande Angela Merkel, le ministre des Finances Wolfgang Schäuble et M. Brüderle se sont réunis mercredi pour débattre du sort d'EADS, alors que selon la presse, Daimler veut vendre à l'Etat la moitié de sa part. Selon le ministre de l'Economie, membre du parti libéral et hostile en principe à toute nationalisation partielle, "aucune décision n'a été prise" lors de cette rencontre. Pour conserver l'équilibre des pouvoirs, les responsables politiques allemands doivent maintenir la parité avec les Français. 22,5% du capital est détenu par chaque pays depuis la création d'EADS, en 2000. Mais Berln ne compte pas utiliser la même stratégie que Paris, qui détient 15% des actions (via la Sogepa). Le parti au pouvoir en Allemagne, la CDU/CSU de Merkel, est traditionnellement libéral et hostile aux nationalisations. Si EADS est dirigé par des industriels, les gouvernements français et allemand gardent la main sur les décisions stratégiques. Le pacte d'actionnaire signé lors de la création du consortium définit ce fonctionnement, dans lequel Daimler et Lagardère font office de gestionnaires. Seulement les deux groupes souhaitent aujourd'hui se recentrer sur leurs cœurs de métier, et se désengager progressivement d'EADS. Lagardère ne possède déjà plus que 7,5% du capital, et Daimler compte réduire d'autant sa participation.