L'Algérie continuera à œuvrer pour "la stabilité et la visibilité" des prix du pétrole en vue d'encourager les investissements de production, a affirmé hier dans un entretien qu'il a accordé à l'agence Algérie Presse Service, le ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi. Le ministre a estimé que "seul un signal de prix durable est de nature à encourager les investissements de croissance". Selon M. Yousfi, des pistes pour stabiliser les prix sont en discussion dans le cadre du dialogue producteurs-consommateurs entre les pays de l'Opep et les pays industrialisés. " Dans une situation incertaine en termes de prévision des prix du pétrole, les pays exportateurs sont confrontés à la volatilité de leurs recettes d'exportation qui rend très difficile la conduite d'une politique budgétaire équilibrée ", a-t-il indiqué affirmant que " les pays industrialisés réfléchissent à réformer les marchés financiers et notamment les marchés dérivés du pétrole depuis les dérives constatées lors de la crise financière. Des pistes pour stabiliser les prix sont en discussion dans le cadre du dialogue producteurs-consommateurs entre les pays de l'Opep et les pays industrialisés ". Le prix du panier-Opep (composé des douze bruts des pays membres de l'organisation) a atteint un seuil inédit depuis deux ans et demi à 100,59 dollars le baril. C'est la première fois que le cours de référence de l'Opep franchit la barre des 100 dollars depuis septembre 2008. Il avait atteint un record historique quelques semaines auparavant, à 140,73 dollars (4 juillet). Pour le ministre de l'Energie et des Mines, la hausse de la demande, en particulier de la Chine, conjuguée à l'épuisement des réserves mondiales de certaines régions, comme la mer du Nord, les investissements trop faibles de la décennie 1990 (en raison du faible prix du pétrole durant cette décennie) sur l'ensemble de la chaîne pétrolière et aussi la volonté de l'OPEP de protéger les intérêts de ses pays membres ont été à l'origine d'une hausse des prix durant la période 2004-2008, les prix atteignant plus de 100 dollars le baril sans affecter réellement la croissance économique mondiale. Il indiquera par ailleurs qu'on a " assisté à une montée en puissance des marchés financiers pour le pétrole et les produits pétroliers avec un volume de transactions financières évaluées à environ trente-cinq fois celui des transactions physiques”. En 2008, le pétrole a connu de très fortes variations de prix, jamais égalées, attribuées essentiellement à la spéculation des marchés financiers. Il est clair que les marchés financiers du pétrole et la logique financière des acteurs qui les animent sont porteurs de risques difficilement contrôlables et que la question du prix du pétrole et des commodités en général débouche sur la problématique de la régulation des marchés financiers qui s'alimentent de la spéculation et découragent les investissements. Pour ce qui est du marché énergétique national, le ministre a estimé que notre pays se doit de réfléchir à sa transition vers un modèle énergétique basé sur les énergies renouvelables. "Selon le ministre, le potentiel en énergies renouvelables dont dispose l'Algérie constitue "un atout majeur qui pourra être valorisé pour faire de notre pays un fournisseur de l'Europe en énergie électrique, comme elle l'est actuellement pour le gaz naturel". Un programme de développement des énergies renouvelables et d'efficacité énergétique a été adopté récemment par le gouvernement. Ce programme a été défini pour répondre à la nécessité "d'éviter le gaspillage et de permettre une meilleure compétitivité de notre économie nationale", a-t-il souligné. Le programme a identifié "plus de 65 projets pour la période 2011/2020, dont 10 projets pour la seule phase pilote 2011-2013", a précisé le ministre. Ce programme "vise à terme une contribution des ENR à hauteur de 40% de la production nationale d'électricité à l'horizon 2030", a-t-il poursuivi. En matière d'emploi, la réalisation du programme ENR permettra "la création de plus de 200.000 emplois directs et indirects", a-t-il ajouté. Des mesures de soutien financier public pour la réalisation de ce programme seront également prises, avait affirmé le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, dans ses réponses aux questions des membres du Conseil de la nation sur sa déclaration de politique générale. M. Ouyahia avait souligné, dans le même sens, que l'Algérie s'attellera à développer les énergies nouvelles et renouvelables selon "sa conception, ses besoins et ses aspirations pour l'exportation" de cette énergie. Il a mis l'accent, à ce titre, sur la nécessité de fabriquer les équipements nécessaires au développement des énergies renouvelables en Algérie, avant, a-t-il dit, "d'entrer en négociation avec les promoteurs de n'importe quel projet en la matière, Desertec ou autre". M. Yousfi a également indiqué que le secteur de l'Energie et des mines s'attèle à mettre en œuvre un programme ambitieux de développement à moyen et long termes de toutes les activités. Ainsi,, Sonatrach prévoit à moyen terme d'augmenter la production de pétrole et de condensat grâce, d'une part, à un maintien de l'effort de production pour les gisements actuellement en exploitation et d'autre part, à la mise en production de nouveaux gisements. Pour ce qui est du gaz naturel, la compagnie nationale a défini un important programme d'exploration et de délinéation au niveau des zones à potentiel gazier, en particulier dans le Sud ouest algérien, ainsi qu'au niveau des bassins de Berkine et d'Ilizi. Au niveau du développement des gisements de nombreux projets sont, soit en cours de réalisation soit en phase de lancement. Ces projets permettront d'assurer la croissance de la production de gaz à moyen et long termes. Au plan du raffinage, de la liquéfaction du gaz et de la pétrochimie, il est prévu de réhabiliter et d'augmenter les capacités de raffinage existantes, de renforcer les capacités d'exportation de gaz, aussi bien par gazoducs que sous forme GNL (gaz naturel liquéfié), les nouvelles capacités d'exportations de GNL de Skikda et Arzew, en cours de réalisation, permettant d'assurer une meilleure diversification des exportations de gaz. Quant à l'industrie pétrochimique, elle est appelée à devenir un vecteur très important de l'économie nationale et nous sélectionnerons les filières de valorisation des matières premières permettant de développer un véritable tissu industriel.