Le prix du baril de Brent à Londres s'est approché des 120 dollars, alors que le WTI à New York dépassait les 100 dollars. La révolte en Libye, pays producteur de pétrole, et les craintes des difficultés d'approvisionnement, affectent fortement les cours, ainsi que les prix à la pompe. Selon un économiste américain chaque hausse du baril fait monter les prix à la pompe de façon conséquente et peut avoir des conséquences à terme sur la croissance. Pour lui, pour une hausse de 10 dollars le baril, c'est 0.2 point de croissance qui s'envolent, et un handicap pour les consommateurs qui ont moins d'argent à dépenser ailleurs qu'à la pompe. Plus que la situation libyenne, c'est le risque de contagion à d'autres pays producteurs de pétrole qui inquiète les marchés, en particulier si les protestations venaient à toucher l'Arabie Saoudite. Selon les analystes, la flambée pourrait se poursuivre vers les 200 dollars, et accentuer les tensions inflationnistes au niveau mondial. Les cours du pétrole poursuivaient jeudi leur envolée, atteignant de nouveaux sommets depuis deux ans et demi. Vers 17H00 GMT, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril d'échangeait à 114,02 dollars sur l'InterContinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 2,75 dollars par rapport la clôture de mercredi. Vers 07H55 GMT, le Brent était monté jusqu'à 119,79 dollars, un sommet depuis le 22 août 2008, date à laquelle il n'a pas évolué au-dessus de 120 dollars. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de " light sweet crude " (WTI) pour livraison en avril valait 99,20 dollars, grimpant de 1,10 dollars. En fin d'échanges asiatiques, le WTI avait atteint 103,41 dollars le baril, son niveau le plus élevé depuis fin septembre 2008. En une semaine, les troubles en Libye ont fait engranger aux cours du brut 19 dollars à Londres et prés de 17 dollars à New York, " une ébauche de l'impact, sur une reprise économique mondiale toujours fragile qu'aurait une contagion de la contestation à l'Arabie saoudite, prévenait Mme Brooks. En effet, l'envolée des prix du pétrole, qui pourraient selon certains analystes atteindre de nouveaux sommets historiques au-delà de 200 dollars le baril, accentue les tensions inflationnistes au niveau mondial, s'accordent les observateurs. Pour Olivier Jakob, analyste chez Petromatrix, en l'absence d'une hausse de la production de l'Opep pour contrer les risques qui pèsent sur les approvisionnement, une autre possibilité serait que la flambée des cours entraîne une baisse de la demande mondiale, ce qui viendrait peser sur les prix. Mais une telle situation " risquerait d'entraîner des conséquences dramatiques pour l'économie mondiale ", prévient-il. Par ailleurs, Wall Street se stabilise mais reste nerveuse face à la crise libyenne. La Bourse de New York a fini sans direction claire jeudi, se stabilisant après deux séances de baisse, sur un marché toujours nerveux face à la crise libyenne : le Dow Jones a perdu 0,13 % et le Nasdaq a gagné 0,55 %. Selon les chiffres définitifs, le Dow Jones Industrial Average a cédé 37,28 points à 12,068 points, tandis que le Nasdaq, à dominante technologique, a pris 14,91 points à 2,737,90 points. L'indice des 30 valeurs vedettes de Wall Street avait abandonné plus de 2 % sur les deux séances dans le rouge, même s'il a brièvement effacé ses pertes dans la dernière heure d'échanges. " Au cours de la journée, on a entendu dire que l'Arabie saoudite se préparait à compenser la perte de production de pétrole en Libye ", a déclaré Scott Marcouiller, de Wells Fargo Advisors. " Les cours de pétrole sont retombés, et les indices boursiers ont alors commencé à réduire leurs pertes ", a-t-il poursuivi. " Ensuite, des rumeurs ont circulé que Kadhafi avait été la cible de tirs, cela a été accueilli de manière positive ". Pour autant, " après le choc que le marché a subi pendant deux jours, les gens veulent voir le mouvement de baisse se tarir davantage ", a noté M. Marcouiller. " Il faut plus de confiance à court terme. Du côté des indicateurs économiques aux Etats-Unis, deux statistiques sont ressorties positives : une baisse des inscriptions au chômage la semaine dernière et un rebond des commandes de biens durables en janvier. Par contre, les ventes de logements neufs ont connu en janvier leur plus forte chute depuis mai. " L'actualité économique est bonne, mais la peur est toujours là ", a commenté Peter Cardillo, d'Avalon Parteners. " Ce qui compte c'est le pétrole, et les conséquences si son prix reste élevé pendant longtemps ", a-t-il poursuivi. " C'est une excuse parfaite pour une correction du marché : on va voir probablement une baisse de 10 % sur les semaines à venir.