Les prix du pétrole ont connu hier un fléchissement de leur courbe, en début des cotations hebdomadaires à New York et à Londres, après le record absolu enregistré vendredi dernier à près de 140 dollars le baril. Un recul sur les deux principales places boursières qui ne signifie aucunement, selon les spécialistes, une amorce descendante des cours du pétrole qui pourraient grimper jusqu'à 150 dollars le baril au courant de cet été, selon les prévisions des banques d'investissement les plus influentes sur les marchés. Hier, le baril du brent a perdu 3 dollars, descendant à 134,05 dollars le baril, lors des transactions matinales, avant de repasser à 136,50 dollars à 10h (GMT). Le Light sweet crude coté à New York a été échangé par ailleurs à 137,61 dollars le baril après avoir perdu 93 cents le baril par rapport aux 139,12 dollars enregistrés durant la séance de clôture de vendredi sur fond d'affaiblissement du dollar. Le recul des prix constaté hier risque d'être éphémère étant donné la forte spéculation qui ponctue les échanges de pétrole et les facteurs géopolitiques qui donnent des poussées de fièvre au marché de l'or noir. Les déclarations du ministre israélien des Transports à propos d'une « inéluctable » attaque des installations nucléaires de l'Iran ont fait craindre, il y a quelques jours, les pires scénarios dans une région riche en réserves pétrolières. Des craintes qui se traduisent par un affolement des indicateurs du prix du pétrole et une accélération des spéculations qui constituent actuellement, selon des analystes au fait de la « chose pétrolière », quelque 40% du prix affiché à Londres et à New York pour le baril de pétrole. Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines et président de l'Opep, réfute pour sa part la thèse avancée dans les pays producteurs, d'un déséquilibre entre l'offre et la demande, estimant que les quantités de pétrole mises sur le marché sont suffisantes. Hier à Alger, il a déclaré que « le prix du baril de pétrole serait de 70 dollars s'il n'y avait pas de bulle spéculative ». « Le problème qui se pose est la crise économique aux Etats-Unis, qui a conduit le dollar à baisser fortement, et aussi les menaces contre l'Iran qui ont augmenté les tensions géopolitiques. » « S'il n'y avait pas ces facteurs, le prix du pétrole serait probablement à 70 dollars », a-t-il dit, précisant qu'il y avait dans le prix actuel du brut, qui a approché récemment 140 dollars le baril, « quelque 40 dollars dus à la dépréciation du dollar ». Répondant en quelque sorte aux pressions exercées sur l'Opep pour l'amener à augmenter sa production, M. Khelil a fait remarquer que dans les pays consommateurs l'augmentation des prix des produits pétroliers « est surtout due à la forte taxation de ces produits. En Europe, par exemple, le prix à la pompe contient plus de 75% de taxe », a-t-il dit. Des taxations qui augmentent, au fil des hausses des prix du pétrole, alimentant les budgets des Etats européens de plusieurs milliards d'euros par an.