D'importants chefs tribaux yéménites ont annoncé hier devant un vaste rassemblement près de Sanaa leur ralliement à la contestation du président du Yémen Ali Abdallah Saleh. Il s'agit des chefs de deux des plus importantes tribus du pays où la structure clanique est très importante, les Hached et les Baqil. Cette annonce intervient au lendemain d'une journée de forte mobilisation à travers le pays où des dizaines de milliers de personnes ont participé à des prières collectives et des marches exigeant "la chute du régime". Ce ralliement, après celui de l'opposition parlementaire et des rebelles zaïdites (chiites) dans le Nord, élargit encore le cercle des contestataires du régime de Saleh, au pouvoir depuis 32 ans. Aden, la grande ville du Sud à la pointe de la contestation, a vécu dans la nuit "de véritables scènes de guerre menées par des éléments de la garde républicaine (corps d'élite de l'armée) qui ont pris pour cible des jeunes innocents voulant manifester pacifiquement", selon un habitant. Des sources médicales ont fait état de quatre morts et d'au moins 40 blessés. L'intervention musclée des forces de sécurité a eu lieu en dépit d'un ordre donné jeudi par Saleh de protéger les manifestants pacifiques. Mais le ministère de la Défense a démenti, en citant une source de sécurité à Aden, des tirs des forces de l'ordre sur des manifestants, affirmant que les violences sont le fait de séparatistes sudistes militant pour l'indépendance du Sud-Yémen, qui était un Etat indépendant avant 1990. Au Bahreïn, le "dialogue national" censé sortir le royaume de la crise où il est plongé depuis près de deux semaines n'a pas encore commencé, selon des responsables de l'opposition. Le peuple doit avoir "des garanties. Il a besoin de clarifications sur (...) l'ordre du jour et la durée" des discussions, a notamment expliqué un élu de l'opposition chiite (le Wefaq), Khalil al-Marzouk. Le roi Hamad ben Issa Al-Khalifa a désigné son fils, le prince Salman Ben Hamad Al-Khalifa, pour conduire le dialogue avec toutes les composantes de l'opposition, qui conteste la monarchie sunnite dans cet archipel à la position stratégique et allié clef des Etats-Unis dans le Golfe. Vendredi, des dizaines de milliers de personnes, en majorité des chiites, ont défilé dans la capitale Manama, et samedi, des manifestants continuaient d'occuper la place de la Perle, dans le centre de la capitale, pour réclamer le départ des Al-Khalifa. Les revendications de l'opposition ne vont pas aussi loin: toutes tendances confondues, elle demande de profondes réformes pour établir une véritable monarchie constitutionnelle. Pour sa part, l'opposition jordanienne a décidé de monter d'un cran son mouvement de contestation, accusant samedi le gouvernement de "manque de sérieux" dans les réformes. "Le régime doit comprendre que les réformes sont la seule voie pour sa survie et plus elles tardent, plus les demandes de réformes augmenteront", a déclaré un membre du comité exécutif du Front de l'Action Islamique (FAI) Zaki Bani Rsheid. Les réformes demandées par le FAI, le plus grand parti d'opposition, sont similaires à celles formulées par les partis de gauche, les rassemblements tribaux, les universitaires et les retraités militaires. Les islamistes appellent à l'élection du Premier ministre, au lieu qu'il soit désigné par le roi comme c'est le cas actuellement. La gauche souhaite le retour à la Constitution de 1952, adoptée par le roi Talal, grand-père du roi Abdallah II, et amendée 29 fois depuis, en donnant des pouvoirs plus grands à la monarchie. Tous veulent le "jugement des corrompus". Au lendemain d'un rassemblement de milliers de manifestants à Amman, le FAI et la confrérie des Frères musulmans devaient se réunir samedi soir pour "étudier les mesures à prendre", a dit Zaki Bani Rsheid. Parmi celles-ci: "un délai d'un mois qui sera donné au gouvernement pour réaliser les réformes, au cours duquel nous poursuivrons la contestation et les manifestations". "Nous n'avons plus confiance dans les promesses du gouvernement qui clairement cherche à gagner du temps et à calmer le jeu sans rien faire", a-t-il ajouté. En Egypte, la dispersion par la force d'une manifestation au Caire, dans la nuit de vendredi à samedi, alimente les craintes des militants qui accusent l'armée au pouvoir en Egypte de "trahir le peuple". Les manifestants, qui célébraient 0 LA place Tahrir les deux semaines de la chute d'Hosni Moubarak et réclamaient la démission des ministres compromis avec l'ancien régime, accusent les soldats d'avoir, une fois minuit passé, éteint les lampadaires, tiré en l'air et fait usage de matraques pour disperser la manifestation.