La croissance économique américaine a été revue à la baisse au taux annuel de 2,8 % au quatrième trimestre de l'année 2010, par rapport à 3,2 % estimés en janvier, a annoncé vendredi le Département du Commerce. L'augmentation du produit intérieur brut réel au quatrième trimestre a reflété des contributions positives des dépenses de consommation personnelle, des exportations et des investissements fixes non résidentiels qui ont été en partie compensés par les contributions négatives des investissements privés et des dépenses au niveau étatique et local, a souligné le Département dans un rapport. Comme la dette publique est devenue un problème épineux aux Etats-Unis, les gouvernements locaux et le gouvernement fédéral ont commencé à réduire les dépenses sous pression des Républicains récemment arrivés au pouvoir. Des économistes pensent que cette tendance nuira à la reprise économique naissante. Les chiffres montrent que les dépenses de consommation réelles du gouvernement fédérale et les investissements bruts ont baissé de 0,2 % au quatrième trimestre, comparé à une augmentation de 8,8% au troisième trimestre. Les économistes interrogés par Reuters anticipaient en moyenne une révision en hausse, à 3,3%. Le PIB des Etats-Unis avait augmenté de 2,6% au troisième trimestre. Sur l'ensemble de l'année 2010, il ressort en croissance de 2,8% contre 2,9% estimé auparavant. Ces données confortent les inquiétudes de la Réserve fédérale selon lesquelles le rythme de croissance reste insuffisant pour réduire significativement le taux de chômage, ressorti à 9% en janvier, et renforcent l'idée que la banque centrale ira jusqu'au bout de son programme de 600 milliards de dollars de rachat de dette souveraine pour soutenir l'économie. "Un peu décevant, mais c'était largement intégré et les craintes sont surtout portées sur la croissance au delà du premier trimestre, au regard tant de la flambée des prix du pétrole que de l'impasse budgétaire qui pourraient toutes les deux conduire à des réductions de dépenses publiques", commente Avery Shenfeld, économiste chez CIBC World Markets à Toronto. Après cette publication, les cours de la dette américaine ont effacé une partie de leurs pertes tandis que le dollar poursuivait sa baisse face au yen. Les dépenses de l'Etat se sont contractées plus que prévu, de 1,5% au quatrième trimestre contre 0,6%, cette baisse s'étant constatée tant au niveau fédéral que local pour retirer au total 0,31 point de pourcentage de croissance. Les dépenses des consommateurs ont quant à elles progressé de 4,1%, soit un rythme moins rapide que les 4,4% attendus par les économistes. Le rythme reste néanmoins le plus rapide depuis le premier trimestre 2006 et marque une accélération par rapport à la hausse de 2,4% des trois mois précédents. Certains observateurs craignent que la flambée de prix du pétrole affecte les dépenses de consommation et vienne ralentir la reprise économique. Washington a revu en hausse les dépenses d'investissements des entreprises, bien que ceux portant sur les équipements et les logiciels informatiques aient été plus faibles que prévu. Le total de ces investissements a progressé de 5,3% contre une estimation précédente de 4,4%. Les dépenses destinées aux équipements et aux logiciels ont avancé de 5,5% contre 5,8% précédemment annoncé. Les stocks des entreprises ont ôté 3,7 points de pourcentage de croissance du PIB, comme estimé en janvier. Ils se sont élevés à 7,1 milliards de dollars contre 7,2 milliards en première estimation. Les données confirment le retour des pressions inflationnistes qui affectent notamment les prix du carburant et de la nourriture. L'indice des prix à la consommation (PCE) a avancé de 1,8% (non révisé) au quatrième trimestre, soit une hausse marquée par rapport à celle de 0,8% au troisième trimestre. Hors prix volatils, il a progressé de 0,5% contre 0,4% en première estimation. Cette hausse, équivalente à celle du troisième trimestre reste la plus faible jamais enregistrée. Hors stocks, l'économie a progressé un rythme de 6,7% contre 7,1% annoncés en janvier. Cela reflète néanmoins la plus forte croissance de la demande intérieure comme extérieure depuis 1998. Les exportations et les importations ont été révisées à la hausse, le solde ayant apporté 3,35 points de pourcentage de croissance par rapport aux 3,44 points estimés précédemment.