La communauté internationale étudie les options possibles pour hâter le départ du colonel Kadhafi, qui ne contrôle plus que la région de Tripoli. L'insurrection contre le colonel Muammar Kadhafi est entrée, hier, dans sa troisième semaine mais le dirigeant libyen s'accroche au pouvoir malgré la chute de plusieurs villes à l'ouest dans les mains de l'opposition et la pression croissante des Occidentaux. Au 15e jour d'un soulèvement sans précédent, Muammar Kadhafi et ses forces ne contrôlent plus que Tripoli et sa région. Mais l'opposition n'hésite plus à défier le pouvoir dans les faubourgs de la capitale. Dans plusieurs quartiers, des jeunes taguent les murs de la ville de slogans anti-Kadhafi, alors que l'opposition, basée à Benghazi (est), se prépare à marcher sur Tripoli. La communauté internationale s'interrogeait sur les moyens de mettre fin à l'instabilité et envisageait notamment une interdiction de l'espace aérien. De son côté, l'opposition craint qu'une opération militaire de la communauté internationale la dépossède de son soulèvement, alors que l'armée américaine positionne des forces navales et aériennes autour de la Libye. La chef de la diplomatie Hillary Clinton a précisé qu'aucune action militaire impliquant des navires américains n'était prévue dans le pays. Paris a indiqué que toutes les options étaient à l'étude, dont celle de l'interdiction du survol du territoire libyen qui nécessiterait toutefois l'implication de l'Otan et l'approbation de l'ONU. Les Libyens comptent leurs morts, y compris sur Internet. Le Guardian relaie un site qui recense les victimes de ces derniers jours: Killed in Libya. Nom, prénom, âge, ville et date du décès, circonstances de la mort parfois. Ces informations ne sont pas complètes, les internautes sont invités à envoyer les informations utiles pour poursuivre cette triste liste. Les Etats-Unis bloquent des avoirs du clan Kadhafi estimés à 30 milliards de dollars, annonce la BBC. L'Autriche aussi gèle les avoirs du clan Kadhafi. "La banque centrale autrichienne (OeNB) a adopté aujourd'hui (mardi) un décret aux termes duquel tous les avoirs des personnes concernées par les sanctions de l'UE seront gelés", a déclaré l'OeNB. Les avoirs libyens en Autriche s'élèvent à environ 1,2 milliard d'euros. L'Italie s'est déclarée favorable à une interdiction du survol de la Libye, mais, selon le Canada, il "ne semble pas y avoir de consensus" sur une telle mesure. Après l'ONU et les Etats-Unis, l'Union européenne a adopté lundi un embargo sur les armes contre la Libye ainsi qu'un gel des avoirs et des interdictions de visa contre le colonel Kadhafi et 25 de ses proches. Face à la pression croissante, Muammar Kadhafi, au pouvoir depuis plus de 40 ans, est resté inflexible. "Mon peuple m'adore. Ils mourraient pour me protéger", a-t-il affirmé dans un entretien avec la chaîne de télévision ABC. Des déclarations qualifiées de "délirantes" par l'ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU Susan Rice. Les Etats-Unis ont accusé lundi le gouvernement libyen de brouiller la retransmission des programmes des chaînes d'information étrangères, soulignant que cette initiative démentait les propos du colonel Kadhafi selon lesquels tout est calme dans le pays. L'Occident se prépare à aider les opposants, qui ont créé un "Conseil national indépendant" chargé de représenter "les villes libérées". En dehors de l'Est, l'opposition revendique le contrôle de plusieurs villes autour de la capitale et dans l'Ouest, dont Nalout (230 km à l'ouest de Tripoli) et Zawiyah (60 km à l'ouest de la capitale). Les villes stratégiques de Misrata, à l'Est, et Gherien, au Sud, semblent aussi sous contrôle de l'opposition. Mais lundi soir à Misrata, des forces fidèles à Muammar Kadhafi ont tiré sur des passants, faisant au moins deux morts et un blessé grave, a indiqué un témoin joint par téléphone. À Tripoli, des postes de contrôle ont été mis en place dans et autour de la capitale par les militants pro-Kadhafi et le pain et l'essence y étaient rationnés, selon un habitant. Libye, Tunisie, Bahreïn, Yémen, Oman, et des tentatives de mobilisation en Syrie, au Qatar et en Arabie saoudite : c'est l'ensemble du monde arabe qui est agité depuis deux mois et demi de soubresauts, révoltes et insurrection. À Bahreïn, le prince héritier Salman Ben Hamad al-Khalifa a considéré que le calme était revenu et que les conditions étaient réunies pour entamer des négociations avec l'opposition, au lendemain d'un appui explicite à ce processus par les Etats-Unis. Une marche de protestation est pourtant prévue mardi à l'appel de mouvements chiites. Au Yémen, les opposants au président Ali Abdallah Saleh ont appelé à une "journée de colère". Lundi, Ali Abdallah Saleh a mis en garde contre une "partition" du pays si son régime venait à tomber sous la pression populaire.