La Banque centrale européenne (BCE) a revu, jeudi, en nette hausse ses prévisions d'inflation pour 2011 mais prévoit que la hausse des prix reviendra sous son objectif de moyen terme de 2,0% en 2012. Lors de sa conférence de presse mensuelle, le président de l'institution, Jean-Claude Trichet, a déclaré que l'Eurosystème anticipait une inflation comprise entre 2,0% et 2,6% cette année, ce qui donne un chiffre médian de 2,3%, et entre 1,0% et 2,4% en 2012. En décembre dernier, les prévisions de l'Eurosystème faisaient état d'une inflation dans une fourchette de 1,3% à 2,3% en 2011 et de 0,7% à 2,3% en 2012. L'inflation au sein de la zone euro a accéléré à 2,4% l'an, au mois de février, s'éloignant un peu plus de l'objectif de moyen terme de la BCE d'une inflation inférieure, mais proche de 2,0%. La croissance du PIB de la zone euro devrait se situer cette année dans une fourchette de 1,3%, à 2,1%, donnant un chiffre médian de 1,7% contre une fourchette de 0,7% à 2,1% en décembre. En 2012, la croissance du PIB devrait se situer entre 0,8% et 2,8%, donnant un chiffre médian de 1,8%, contre 0,6% à 2,8% auparavant. La Banque centrale européenne (BCE) pourrait relever ses taux directeurs le mois prochain, soit bien plus tôt que les marchés ne l'anticipent, a annoncé jeudi son président, Jean-Claude Trichet. Il a toutefois souligné qu'un éventuel relèvement n'amorcerait pas forcément un cycle de hausses et a écarté toute éventualité d'un relèvement supérieur à 25 points de base en avril, jugeant qu'une telle hypothèse ne serait pas "la bonne interprétation". Les marchés ont été totalement pris de court par les annonces de Jean-Claude Trichet. Ils attendaient certes une hausse des taux mais beaucoup plus tard dans l'année. Du coup, la BCE risque d'être la première à remonter les taux d'intérêt, bien avant la Réserve fédérale et même la Banque d'Angleterre, dont les analystes pensaient qu'elle ouvrirait le bal. "Je crois comprendre que la position du conseil des gouverneurs est qu'une hausse des taux d'intérêt lors de la prochaine réunion est possible" a déclaré le président de la BCE. S'exprimant au cours de sa traditionnelle conférence de presse, après la décision du conseil des gouverneurs de laisser les taux directeurs inchangés, il a reconnu l'existence d'une pression inflationniste accrue depuis la réunion de la BCE de février, notamment en raison de l'envolée des cours des matières premières. "Une grande vigilance s'impose, dans l'optique de contenir les risques orientés à la hausse pour la stabilité des prix", a-t-il souligné. L'euro a bondi à la suite de ces déclarations, franchissant à un moment sa moyenne mobile sur 200 jours par rapport au dollar. Les futures sur Bund et taux d'intérêt de la zone euro ont eux en revanche reculé. "Il semble bien qu'elle (la BCE) relèvera les taux en avril; elle ne peut guère aller plus loin que ça", commente Peter Schaffrik (RBC Capital Markets). "D'autres hausses suivront sans doute à un moment ou à un autre; on ne peut en dire plus". La BCE avait répété à plusieurs reprises l'expression "grande vigilance" avant son précédent cycle de hausse des taux, en 2005-2007, et ce un mois avant d'amorcer le resserrement monétaire. "De la même manière qu'en 2008, la BCE a annoncé à l'avance une hausse des taux lors de sa prochaine réunion", commente Jacques Cailloux de RBS. "C'est un choc pour nous car nous considérions que la BCE attendrait jusqu'en septembre." Jean-Claude Trichet a toutefois signalé qu'une hausse des taux en avril n'était pas certaine mais possible. "Quand nous sommes confrontés à un choc - ce qui est le cas - notre responsabilité est d'éviter des tensions inflationnistes de second tour", a-t-il déclaré. Le président de la BCE a par ailleurs pris soin de ne pas dire que les taux sont actuellement à un niveau approprié.