La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé des mesures supplémentaires pour approvisionner les marchés en liquidités jusqu'à la fin de l'année mais elle est restée muette sur les détails de son programme controversé de rachat de dette souveraine. La banque centrale des 16 pays de la zone euro a maintenu, comme attendu, son principal taux d'intérêt à un plus bas record de 1,0 % et prédit une reprise économique inégale dans la zone euro ainsi qu'une possible accélération de l'inflation au cours des six prochains mois. Prenant acte du fonctionnement toujours imparfait des marchés monétaires, la BCE a décidé de proposer aux banques des fonds illimités lors de ses trois prochaines opérations de refinancement à trois mois, ce qui devrait garantir un approvisionnement suffisant des marchés jusqu'à la fin de l'année. Cette initiative constitue un nouvel accroc à la stratégie de sortie de crise engagée par la BCE. La banque centrale avait déjà été contrainte à une volte-face en annonçant des rachats de titres de dette d'Etat et l'octroi de prêts supplémentaires le mois dernier pour tenter d'enrayer la crise de la dette souveraine dans la zone euro. Tous ceux qui attendaient des précisions sur son programme de rachat de titres de dette ont été déçus. Jean-Claude Trichet a refusé de donner la moindre précision sur cette initiative qui s'est traduite jusqu'à présent par le rachat de 40,5 milliards d'euros d'obligations. En revanche, il n'a pas laissé entendre que la BCE pourrait mettre un terme à ce programme, qui a provoqué des divergences au sein de ses membres, même s'il l'a qualifié de temporaire. «Nous considérons, au moment où je parle, qu'il est approprié de continuer à faire ce que nous avons décidé», a-t-il dit. L'euro a atteint un plus haut de séance face au dollar, au-dessus du seuil de 1,21 dollar, lorsque le président de la BCE a précisé que ce programme de rachat de dette ne devait pas être considéré comme un changement de la politique monétaire. Jean-Claude Trichet a également laissé de côté les questions sur la dégringolade de 17 % de l'euro au cours des six derniers mois, se contentant de réaffirmer que la devise européenne était crédible. la bce ajuste ses prévisions de croissance et d'inflation «Trichet s'est abstenu de fournir la moindre information nouvelle ou un commentaire sur les achats d'actifs, se gardant de facto toutes les options ouvertes. Il a décliné plusieurs invitations à s'exprimer sur la faiblesse de l'euro, hormis pour dire que c'est une devise crédible», commente Erik Nielsen, économiste à Goldman Sachs. «Il semble ne pas avoir de problèmes avec ces deux éléments», ajoute-t-il. Jean-Claude Trichet a précisé que la décision de proposer des fonds illimités en juillet, août et septembre avait été prise à l'unanimité, ce qui contraste avec les divergences qui ont accompagné le lancement du programme de rachat de dettes. Le président de la Bundesbank, Axel Weber, a ouvertement critiqué cette décision, en mettant en avant ses risques pour la stabilité. Aux yeux des économistes, ces dissensions nuisent aux efforts engagés par la BCE pour stabiliser les marchés. Interrogé sur cette question, Jean-Claude Trichet a répondu : «Il y a une devise, il y a une BCE, il y a un Conseil des gouverneurs». En réponse aux critiques sur ce programme de rachats de dette, qui risque selon certains d'alimenter l'inflation, le président de la BCE a réaffirmé la détermination inflexible de l'institution à maintenir la stabilité des prix, ajoutant qu'elle ajusterait les mesures de liquidités et les taux «de façon appropriée». La BCE a révisé en hausse ses prévisions d'inflation pour tenir compte de l'augmentation des cours des matières premières, même si l'inflation devrait rester sous le seuil plafond de 2,0 % que s'est fixé la BCE pour cette année et la suivante. La banque centrale prévoit désormais un taux d'inflation de 1,5 % cette année et de 1,6 % en 2011.