Afin de faire face à l'envolée des cours du brut induite par la crise libyenne, l'Arabie saoudite s'est dite prête à augmentent sa production afin de stabiliser les cours, et c'est chose faite. Ainsi la monarchie a augmenté sa production de pétrole à hauteur de 700 000 barils / jours sans que cela ne réussisse à juguler la flambée des marchés pétroliers. Aussi, d'autres membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole pourraient bien augmenter leur production, selon des informations publiées hier par le Financial Times. Dans ce sens, le ministre koweïtien du Pétrole, Ahmed Abdallah al Sabah, a confirmé à la presse que l'Opep discutait bien d'une possible hausse de sa production. "Nous sommes en consultations sur une possible hausse de la production", a annoncé à la presse le cheikh Ahmed Abdallah al Sabah, ministre koweïtien du Pétrole, ajoutant que son pays n'avait pas encore augmenté ses livraisons. De son côté, le représentant de l'Iran à l'Opep Mohammad Ali Khatibi a toutefois estimé qu'il n'était pas nécessaire d'accroître l'offre, en faisant valoir que les inquiétudes des pays consommateurs étaient principalement "psychologiques". "Il n'y a pas de pénurie sur le marché. Il n'est pas nécessaire d'augmenter davantage l'offre de l'Opep", a-t-il dit à Reuters. "J'ai entendu parler de consultations entre ministres, il n'y a pas de décision concrète concernant une réunion d'urgence de l'Opep." Même si Téhéran a jugé inutile de renforcer l'offre, ces annonces ainsi que des informations de presse selon lesquelles Mouammar Kadhafi chercherait une issue "honorable" pour lui et ses proches en Libye ont permis d'atténuer légèrement la tension sur le marché pétrolier. Alimenté par l'inquiétude entourant la situation en Afrique du Nord et notamment en Libye, le pétrole américain s'établissait lundi au-dessus de 105 dollars le baril, soit son plus haut niveau depuis septembre 2008. Hier, le prix perdait 75 cents à 104,68 dollars. Selon le Financial Time, le Koweït, les Emirats arabes unis et le Nigeria entendent augmenter leur production de 300 000 barils par jour dans les semaines à venir, précise le quotidien citant des responsables du secteur. Attendue pour début avril et combinée avec l'effort saoudien, cette hausse de la production devrait compenser la baisse des fournitures liée à la crise libyenne. Les pays de l'Opep ont cependant assuré qu'il n'y aura pas de pénurie dans la fourniture du brut. Le ministre qatari du pétrole a estimé mardi devant la presse que les stocks et la production de pétrole étaient "à un niveau acceptable dans le monde". Il a ajouté que les membres de l'Opep et les autres pays producteurs compenseraient toute diminution de l'approvisionnement en brut libyen "en temps et en heure". La prochaine réunion de l'organisation est prévue en juin mais les pressions pour avancer le calendrier se sont accentuées depuis que le baril de Brent a touché le 24 février un pic à 119,79 dollars, son plus haut niveau depuis 2008. Mohammad Ali Khatibi, qui a estimé entre 700 000 et 800 000 barils par jour la production de brut libyen actuellement manquante, a jugé que les niveaux actuels de production de l'Opep restaient malgré tout supérieurs à la demande. "La production de février était aux alentours de 29,5 millions de barils, ce qui est supérieur à la demande en brut enregistrée par l'Opep", a-t-il dit. La production libyenne s'élève en temps normal à 1,6 million de barils par jour (bpj) et est actuellement réduite d'un million de bpj, selon l'Agence internationale de l'énergie. La production de l'Opep a atteint en janvier son plus haut niveau en deux ans à 29,63 millions de bpj avant de refluer à 29,43 millions de bpj le mois dernier en raison de la crise libyenne. "Les consommateurs sont inquiets mais c'est un effet psychologique (...) Ce à quoi on assiste n'est pas la demande réelle", a poursuivi Mohammad Ali Khatibi. Goldman Sachs a relevé hier sa prévision de cours pour le brut léger américain au second semestre, à 105 dollars contre 100,5 dollars précédemment. La banque juge que la capacité disponible pour augmenter encore l'offre de l'Opep est entamée par la décision de l'Arabie saoudite de compenser une partie des livraisons libyennes en relevant sa propre production à 9 millions de barils par jour.