L'Arabie Saoudite pourrait élever sa production à 10 millions de barils par jour. Cela devrait suffire, dans un premier temps, à faire taire les atermoiements des uns d'une part, et la pression américaine, d'autre part. Une initiative, si elle venait à entrer en pratique dans l'immédiat, aurait pour effet de contenir l'affolement et les impatiences des pays consommateurs. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) ne prendra de décision d'augmenter sa production ou de la maintenir à ce niveau que lors de sa prochaine réunion qui se tiendra probablement à Vienne en Autriche, le 9 septembre 2008. Pendant ce temps-là, les pays du G8, hormis les Etats-Unis qui continuent à camper sur leur position, ont infléchi la leur. Elle rejoint celle de M.Chakib Khelil, l'actuel président en exercice de l'Opep, qui soutient, mordicus, que «la spéculation n'était pas à négliger» dans le cadre des réactions suscitées par l'envolée des cours du marché pétrolier. Après avoir, dans un premier temps, lancé un appel aux pays producteurs afin qu'ils augmentent leur production, les ministres des Finances du G8 lancent un véritable coup de semonce aux spéculateurs. Un avertissement en règle. Ces derniers sont tout simplement soupçonnés d'être «partiellement» responsables de l'historique hausse des prix de l'or noir. Même si les ministres des Finances des huit pays les plus riches de la planète n'arrivent pas encore à cerner avec exactitude à quel point la spéculation agit sur la flambée des prix du brut, il n'en demeure pas moins que la clarté de leur message sera reçue cinq sur cinq par ceux qui réalisent de juteuses opérations financières par pur opportunisme en favorisant l'envolée des prix du pétrole. Y aura-t-il des retombées positives? Les économistes y croient. «Il est révélateur que les membres du G8 aient insisté sur leurs craintes partagées de l'inflation. C'est un message aux spéculateurs, pour tenter de contrôler la situation sur le marché», c'est ce qu'a estimé Ryohei Muramatsu de Commerzbank. La mise en garde est sérieuse. Portera-t-elle ses fruits? «Les spéculateurs risquent d'avoir des difficultés à lutter», soutient cet analyste. La croissance mondiale est menacée et les plus pauvres risquent d'en pâtir sérieusement. La crise alimentaire mondiale menace jusqu'à l'existence de l'humanité. 850 millions d'êtres humains risquent de mourir de faim. «Les prix élevés des matières premières, particulièrement ceux du pétrole et de la nourriture, qui constituent une menace sérieuse pour la stabilité de la croissance mondiale, ont des conséquences graves pour les plus vulnérables et peuvent accroître les pressions inflationnistes dans le monde», c'est la mise en garde adressée par les ministres du G8 dans leur déclaration finale au terme de leur rencontre à Osaka au Japon. Ban Ki-moon a, quant à lui, pris son bâton de pèlerin. Il est arrivé samedi en Arabie Saoudite. Dans une déclaration à la presse, le secrétaire général de l'ONU a annoncé que l'Arabie Saoudite allait augmenter sa production de 200 Mbs dès le mois de juillet prochain. Selon le secrétaire général de l'ONU, le roi Abdallah a pris en compte la préoccupation des nombreux dirigeants étrangers quant à l'impact de l'envolée des prix du pétrole sur la crise alimentaire qui affecte une bonne partie de la planète. L'Arabie Saoudite «semble étudier très sérieusement la façon dont elle peut répondre à cette question (de l'envolée des prix du baril de pétrole) en augmentant sa production», a déclaré Ban Ki-moon. Les informations rapportées par le New York Times et le magazine économique spécialisé Middle East Economic Survey se confirment. L'Arabie Saoudite pourrait porter sa production à 10 millions de barils par jour après le Sommet de Djeddah qui se tiendra le 22 juin. Un coup de pouce comme un cadeau de Noël de la part du souverain wahabite.