La vague de contestation sociale et politique sans précédent que connaissent le Moyen-Orient et le Maghreb depuis plusieurs semaines était réprimée hier, parfois dans le sang, par des régimes autoritaires. Au Yémen des heurts ont opposé des policiers soutenus par des partisans du régime yéménite aux manifestants qui tiennent un sit-in à l'université de Sanaa, faisant des dizaines de blessés, selon des témoins. Ces heurts ont éclaté au lendemain de la journée la plus sanglante au Yémen depuis le début de la contestation fin janvier, pendant laquelle sept manifestants ont été tués et des centaines blessées par des gaz toxiques, selon les organisateurs des protestations. Les autorités ont nié l'utilisation de gaz autres que lacrymogènes. Une personne a été tuée et 19 ont été blessées à Sanaa lorsque la police yéménite a ouvert le feu et fait usage de gaz lacrymogène contre des manifestants qui réclamaient le départ du président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 32 ans, a-t-on appris de sources médicales. La plupart des blessés souffrent des effets du gaz, mais certains ont été touchés par des tirs à balles réelles, rapportent des témoins. Deux d'entre eux seraient dans un état grave. Au Bahrein, la police a lancé des grenades lacrymogènes sur les protestataires retranchés dans le centre de Manama, après avoir dispersé des manifestants qui tentaient de bloquer l'accès au district financier, selon des témoins. Des dizaines de personnes ont été hospitalisées après l'inhalation de gaz. Des opposants bahreïnis sont parvenus à bloquer l'accès au Financial Harbour, un quartier d'affaires de Manama, malgré l'intervention des forces de l'ordre qui ont fait usage de gaz lacrymogène et de canons à eau. Les affrontements ont été d'une violence sans précédent depuis le 17 février, date à laquelle sept personnes ont été tuées par l'armée. De jeunes manifestants ont dressé des barricades en travers de l'avenue qui conduit au quartier d'affaires, après avoir débordé la police anti-émeutes qui tentaient de les contenir aux abords de la place de la Perle, épicentre de la contestation. "Le ministère de l'Intérieur procède actuellement à des opérations pour rouvrir l'avenue du roi Fayçal et conseille aux manifestants de regagner la place de la Perle pour leur propre sécurité", indiquent les autorités dans un communiqué. Bahreïn, qui abrite la Ve Flotte américaine, est agité depuis le mois dernier par un mouvement de contestation sans précédent depuis les années 1990, inspiré des soulèvements populaires tunisien et égyptien. Le Mouvement de jeunesse du 14-Février, dont les militants campent sur la place de la Perle, avait annoncé samedi soir son intention de former une chaîne humaine pour bloquer l'accès au Financial Harbour.A Oman, le sultan Qabous d'Oman a décidé hierde donner des pouvoirs législatifs à l'assemblée consultative, après des semaines de manifestations pour des réformes politiques sur fond de grogne sociale. Le mécontentement populaire dans ce pays de trois millions d'habitants, dont 20% d'étrangers, ne concerne pas la personne du sultan qui concentre entre ses mains l'essentiel du pouvoir. Le pays occupe une situation stratégique à l'embouchure du Golfe, d'où proviennent 20% de l'ensemble du brut qui circule dans le monde.Enfin en Tunisie, un couvre-feu a été décrété samedi soir dans la localité tunisienne de Metlaoui (sud) après des affrontements qui ont fait deux morts et plus de 20 blessés entre des habitants sur des questions d'emplois, a annoncé l'agence officielle TAP.