Toutes les organisations sociales sont dehors. Toutes les corporations professionnelles s'y sont mises de la partie. Elles ne manifestent pas ensemble, ne cherchent pas des actions conjointes, et ne revendiquent que ce qui est lié à leurs professions ou à leurs problèmes. Au centre des revendications, il y a des constantes. Le logement, l'emploi, et puis le reste. Quand bien même que la majorité des manifestations ne sont portées que par des revendications sociales, mais, fatalement, celles-ci ne sont pas trop loin de la "chose politique ". Revendiquer signifie marginalisation, revendiquer signifie que la mise en œuvre des programmes dits présidentiels n'a pas abouti, peut même signifier parfois qu'il n'y a pas de confiance en le gouvernement, ou en le pouvoir, d'une manière générale. Revendiquer dans un climat social qui peut prêter à une explosion sociale signifie qu'il y a intérêt à exercer une forte pression pour que les pouvoirs publics cèdent de peur d'une généralisation. Cela pourrait-il signifier également qu'il s'agit d'une critique de l'action économique du gouvernement ? la question se pose de savoir quels seraient les repères doctrinaux qui baliseraient ces critiques. Par rapport à quel système économique faudrait-il formuler des critiques, ou des évaluations. On ne critique pas les orientations économiques du pouvoir comme on les critiquait jadis. Les contextes ne sont plus les mêmes, les systèmes économiques ne sont les mêmes. Comment faire fonctionner une politique économique libérale dans un pays pas tout à fait prêt à entrer dans un environnement international de forte concurrence, préserver nos chances de disposer d'une industrie nationale dans un contexte où le processus de privatisation ne va pas emprunter une voie à grande vitesse ? Autant de questions qui mériteraient bien des réponses de la part de ceux qui aspirent à accéder au pouvoir pour appliquer leur programme économique. Comment la faire fonctionner quand notre économie se trouve encore sur la passerelle qui rejoint les deux rives, celle de l'économie dirigée de laquelle nous nous éloignons laborieusement et celle de l'économie de marché qui est encore difficile à atteindre dans le court terme. Les réformes économiques globales et l'adaptation des mentalités participent à cette transition. Tout ce que nous faisons est nouveau pour nous. Le libéralisme économique est nouveau. Le libéralisme politique est nouveau. Même les menaces à affronter sont nouvelles. L'action syndicale est nouvelle. N.B.