Sa voix est aussi tendre qu'un morceau de beurre, et sa démarche sereine dénoterait certainement de cette fragilité qui lie l'artiste à la vie, l'artiste à l'homme, l'artiste à la création….. Arezki Larbi a quitté, il y a prés de deux décennies, son village natal qui est à quelque vol d'oiseau de la station de Tigjda à Bouira pour s'installer à Alger où il a fait des études à l'Ecole des Beaux-Arts à la fin des années 1970. Quoi qu'il se soit penché surtout en dernière année sur le tatouage en Algérie, les signes et les symboles ne sont plus visibles dans ses peintures qui évoluent de plus en plus vers l'abstrait. Les traits géométriques ainsi que les silhouettes autrefois très présentes dans ses travaux disparaissent au fur et à mesure de sa réflexion et de son labeur au profit des nuances ocres et terreuses. “Partition d'objets, de mots et d'épines qu'il nous faudra déchiffrer”, peut-on lire dans la présentation de ce qui s'apparente à une installation, “Les murs Sénac ” d'Arezki Larbi orchestraient à leur manière le dernier lieu de la vie du poète “ maudit ” Jean Sénac, assassiné chez lui à Alger en 1973. En quête perpétuelle, géomancien qui se joue de ses propres signes, Arezki Larbi a toujours multiplié supports et matières et recherché de nouvelles techniques mixtes. Et si ses couleurs ont longtemps évoqué des reliefs ocres, brunis ou même brûlés, son œuvre porte les traces d'une terre en constante métamorphose, tout à la fois substance et vocabulaire visuel qui émerge sous le langage de l'artiste contemporain. Né en 1955 à Bouira, Arezki Larbi est diplômé de l'Ecole des Beaux-Arts d'Alger en 1982, consacrant son mémoire de fin d'études au tatouage en Algérie. Depuis cette date, il a exposé à Alger, Paris, Bruxelles, La Havane, Nice, Dakar et Luxembourg. Après avoir travaillé au début des années 80 comme dessinateur de presse, puis comme décorateur pour le théâtre, le plasticien a été sollicité par le cinéma et collaboré à la création des décors et des costumes en particulier de Machaho (1996) et El Manara (2004) de Belkacem Hadjadj, La Montagne de Baya d'Azzeddine Meddour (1997), Morituri d'Okacha Touita (2004) et plus récemment de Amayas de Brahim Tsaki (Tournage février-mars 2007). Dans un article qui lui a été consacré par O. Hadjari, dans Rupture de l'année 1993 sous le titre “ Arezki Larbi, Voyage au bout de la pierre ”, le rédacteur écrivait à pros de sa peinture ce qui suit : “ Sous la surface des choses, Larbi est le peintre de leur intérieur fermé, de leur plus secrète pénombre. Images de l'éphémère, comme par une faille le regard entre dans un monde où rien jamais n'est arrêté, où toute forme se déforme en un continuel devenir. Pour en approcher la durée sourde, Larbi mime les élans de la géologie, en reproduit les mouvements. Ses gestes se glissent dans les impulsions naturelles ”. “ Peintre concret ”, il répand, évapore, recouvre en strates, dissout, creuse, plisse, pulvérise, saupoudre : mêle le goudron, les colles et les encres, les argiles et les cires, les laves et les boues. La nuit à mesure coule et s'épaissit, la matière s'ajoure en dendrites au bord d'un langage fascinant, la lumière cristallise en halos ses premières germinations. ” L'installation de l'artiste-peintre est visible du 13 au 18 mai prochain avec celles de Kamel Souissi, de Séti et Mustapha Ghedjati. Ce rendez-vous plastique initié par l'association culturelle Chrysalide s'intitule Noir sur Blanc et se déroulera à l'amphithéâtre de l'Opéra de Lyon en France. Les murs Sénac, était une autre installation établie en 2004 par cet artiste-peintre au Centre culturel français d'Alger, à l'occasion du 9e Salon international du livre d'Alger.