Après 14 ans d'absence, il revient au pays et prépare activement la sortie d'un nouvel album: Djin Aou Malek. Son nom est lié incontestablement à la musique algérienne des années 80. Sa voix chaude, sensuelle et mélodieuse, et son visage candide ont dû marquer les esprits. Après 14 ans d'absence loin de son pays pour des raisons conjoncturelles, il décide enfin d'y retourner pour renouer avec la scène et surtout retrouver les siens, son public. Lui, c'est Khaled Barkat. Souvenez-vous de cette démarche altière que l'on voyait dans un de ses clips et rappelez-vous de cette jolie voix pleine de tendresse qui emplissait l'âme sentimentale des adolescents que nous étions à l'époque. La belle époque, dirons certains, le coeur serré par la nostalgie. Et pour son grand retour, quoi de mieux que le mois de ramadan où les gens renouent avec les sahrate et les «mémorables» qaâdates. Aussi, notre chanteur ira à la rencontre de son public et ses fans durant deux soirées consécutives, l'une à la salle Ibn Khaldoun, vendredi, avec une affluence massive du public, et la seconde samedi dernier à la salle Ibn Zeydoun de Riadh El-Feth, avec moins de monde cette fois-ci. Mais comme dirait Khaled: «C'est la qualité qui compte!» Preuve s'il en est que l'artiste a beaucoup d'humour d'autant qu'il a su avec habilité et intelligence détendre l'atmosphère et faire fi de cet «incident» si on peut l'appeler ainsi, car, faut-il l'avouer, le public, pour que l'ambiance soit à son comble, a fait défaut. Quoi qu'il en soit, Khaled Barkat et son orchestre se sont débrouillés comme des chefs nous donnant de grandes émotions. C'était même bizarre de revoir cet artiste après tant d'années. Comme si le temps avait fait marche arrière. Mais on ne peut aller à son encontre... Hélas «Ana melouaâ bilfan min saghri» entonne l'artiste, comme pour dire d'emblée qu'il parlait de sa vie, sa passion, la musique. «On commence tout doucement puis on tâchera de monter crescendo», explique-t-il à l'assistance qui attendait de fredonner ses plus beaux morceaux, ses succès, lesquels ont marqué les années 80. En voilà un, justement, Aloulid, un délice de se remémorer cette chanson, qui berce tout en remuant nos vieux souvenirs. Quand le rythme passe à une vitesse supérieure, quelques jeunes dans la salle se lèvent et se laissent entraîner en dansant sur la cadence de ces généreuses mélodies. C'est un bonheur d'écouter Khaled Barkat chanter. Après Omri denit hekda, c'est Rayha ouine de Mohamed Reda qu'il revisitera tendrement avant de revenir à sa chanson. De la fraîcheur dans la voix et du trac quelque peu apparent qu'il surmontera aisément, l'artiste nous plonge dans cette ambiance quiète et sereine des années d'antan. Puis il nous fait découvrir ses nouvelles compositions, notamment Galetli arouah, qui figurera sur son prochain album qui sortira incessamment sur le marché. Avec ses doigts fins, le chanteur tape la mesure sur le micro. Il n'est pas pour rien professeur de musique. «Ya zman, j'ai composé ce titre en 1992 quand l'Algérie était en ébullition», dit-il. Une chanson aux relents tristes qui traduit tous les drames dont souffrait le pays à l'époque. «Kif kouli ya zman, zine oulhob, Wala hram, Kifach khawa touam walaou adyan, chante-t-il mélancoliquement. Le son du karkabou revigore les esprits, a du répondant auprès du public dont le tempo sahraoui, gnawi plaît énormément. Khaled invoque Sidi El-Djilali dans son périple musical. Changement de registre avec Ya rayeh de Dahmane El-Harrachi, chanson unanimement connue, et qui ne laisse personne indifférent. Pour preuve, le déluré Hichem Mesbah et Samir du groupe Triana d'Alger répondent immédiatement présents sur scène, à la demande de Khaled Barkat. Et de reprendre gaiement avec lui la chanson, dans la joie et la bonne humeur. Il enchaînera avec Jin aou malek, écrite en 1986 et qui figurera sur son nouvel opus avant d'interpréter ses autres plus grands succès, fredonnés par tous, notamment Ana ayit et Ouine aouine. Et le bonheur ne s'arrêtera pas là, puisque la musique soutenue par le clair souffle du sax et la chaleur de la percussion nous fera voyager entre chaâbi et salsa en toute harmonie. «Mélange de chaâbi, jazz, sahraoui...moi-même je ne sais pas comment qualifier ma musique. Tant que cela me paraît beau, je m'en fous du style», affirme Khaled Barkat. En effet, sa musique qui s'écoule comme un sucre d'orge dans nos oreilles n'a pas pris de rides. Il est difficile de lui attribuer un nom. Mais pourquoi au fond coller des étiquettes? Elle est là pour parler à nos âmes et communiquer toute son énergie, sa verdeur et sa chaleur amoureusement bien filées en notes. Douceur et force «tranquille» subtilement coordonnées, à l'image de l'artiste. Ce dernier a incontestablement trouvé son équilibre dans cet univers. Une fragile candeur presque palpable dans la voix mais c'est aussi cela, l'attachant Khaled Barkat, ne perdant aucunement de son charme et de sa voix câline et caressante à la fois, il offrit à son public un moment particulièrement émouvant, très touchant. Il était temps qu'il revienne!