Hamza Belhadj est le rejeton du réputé Bachir Belhadj, un ancien de la télé qui a signé et des documentaires et des émissions et des feuilletons. Il a à peine 30 berges. Son catalogue? Un long métrage d'une heure trente quatre qui s'intitule A vendre l'innocence… ” Le film a été projeté en avant-première samedi dernier à la salle Ibn Zeidoun de Riadh El Feth. Par quel bout allons-nous pendre ce film fondamentalement réactionnaire ? Si nous n'avions pas aperçu, en chair et en os, le jeune réalisateur, très BCBG, on aurait juré que ce travail est l'œuvre d'un vieux conservateur. C'est que Hamza Belhadj a partagé le monde en deux : ceux qui volent, qui trichent, qui massacrent sont des fumeurs et des buveurs de scotch, alors que ceux qui sont trop humains font la prière et s'habillent de blanc. Les uns sont bien sûr moches et les autres sont beaux. On reste étonné devant ses jugements réducteurs, paraissant absolument surfaits devant la complexité du monde et des êtres. Le récit de ce film tourne autour d'un sujet qui a été souvent traité dans les espaces médiatiques et autres canaux : le trafic d'organe. Là aussi le réalisateur coupe le monde en deux : une famille riche qui a une fille souffrant d'une insuffisance rénale et devant subir une greffe. Comment trouver l'organe ? Chez une famille pauvre qui a une fille visiblement en bonne santé (la surprise viendra dans la chute). Ce n'est pas tant que çà qui choque, mais c'est le fait que le cinéaste campe dans son film une fille d'à peine quatre ans (elle fait plus !) qui décide par son propre chef de porter le hidjab. La réaction parentale est encore plus choquante, parce qu'elle laisse faire…Le plus sensé aurait été certainement de montrer une famille qui habille son rejeton en tenue comme çà et pas l'inverse. D'autant que la maman n'est pas dans le coup de cette tenue vestimentaire. La suite est ainsi justifiée : La petite musulmane pratiquante sera alors pourchassée par les buveurs de whisky et les riches qui veulent un rein. Les riches donnent bien sûr le fric, et les buveurs de scotch tuent et ligotent... En dehors de ce récit sans teneur, Hamza Belhadj ne semble connaître en guise d'effets de lumière et des ambiances cinématographiques que l'étrangeté. D'une image à une autre, la lumière tape fort pour sombrer dans le noir…Aucune harmonisation de cette technique fondamentale dans une œuvre. Hormis Abdelkader Tadjer, et la maman de la victime, Fatiha Ourad qui a du talent, le jeu de tout le reste des acteurs, pour la plupart, novices est à tirer par les cheveux. Peu convaincant ce jeu est davantage mis à mal par un scénario faible, signé par un certain Sofiane Dahmani, et par des prises littéralement expéditives. Un certain moment, le réalisateur focalise plutôt sur l'enquête policière, démontrant à coup de force les investigations plus que sérieuses des hommes de la sécurité de chez nous. Ils sont sur tous les fronts, ne ménagent aucun effort, en parfaite écoute avec le citoyen, respectant l'ordre hiérarchique des choses, et sur le terrain se sont des as ! Ils font partie de la famille des beaux. Inutile d'insister sur leur amateurisme dans le jeu, et l'exagération dans leur façon d'appréhender une affaire surtout venant d'un anonyme qui n'a pas le sou. En tout cas le public nombreux a souvent réagi par le rire. Ce sont peut- être leurs proches dans le film qui les ont étonnés plus que tout ce récit à qui ont manqué, visiblement, tant d'épices élémentaires qui relèvent la sauce d'une œuvre : un scénario bien ficelé, une direction d'acteurs et un casting convaincant, un montage pro, et des séquences crédibles…