Exilé volontaire en France, Slim, le bédéiste réputé, réinvestit depuis 2009 le champ des bulles. En attendant sa participation au quatrième festival de la BD qui se tiendra dans quelques mois à Riad El Feth, le créateur de " Zid Ya Bouzid " a fait un tour au Centre culturel algérien à Paris que dirige l'écrivain Yasmina Khadra. Un rendez-vous avec ses fans de là-bas avec lesquels d'ailleurs il a eu à évoquer sa longue carrière, le sens de la BD et son regard intrépide inchangé sur le monde. Au début, "Je voulais, faire du cinéma, puis le hasard a voulu que je rencontre des bédéistes, notamment Maz, et c'est ainsi que je me suis consacré à la BD", a-t-il confié au public, soulignant que la rue est sa muse, et ses répliques, son répertoire. "J'ai créé des personnages algériens pour mon pays mais je suis avant tout un dessinateur qui raconte des histoires censées faire sourire et réfléchir", a expliqué Slim. "Je me suis souvent inspiré de scènes dans j'étais témoin dont la rue, ainsi que de la vie quotidienne des gens pour donner vie à mes personnages", a-t-il dit, et que trouver de mieux pour raconter avec dérision, la société, ses mœurs, ses dérapages mais aussi ses espoirs, que Slim a fait porter à ses personnages principaux comme autant d'oriflammes. Cette année ça ne sera pas lui qui aura les honneurs du prochain festival de la BD à Alger, mais ça sera comme toujours la vedette préférée de tous ceux qui affectionnent les bulles. L'an dernier, il a paraphé à compte d'auteur une intitulée drôlement : "L'Algérie comme si vous y étiez ". L'album est une compilation de dessins de presse qui datent de 2007 qui regroupe pas moins de 80 dessins. Les thèmes que le créateur du couple mythique " Bouzid et Zina " y a abordé sont multiples : l'immigration clandestine (harraga), le crédit, financement des projets, de la stratégie industrielle, des médicaments contrefaits, accidents de la route, de l'obtention du visa, du procès Khalifa, de la fuite des cerveaux, de la violence conjugale, contrefaçon…bref il rit de tous les sujets qui fâchent ! Résultat d'une réflexion au jour le jour sur les événements sociaux de notre pays, ce nouvel album replonge le lecteur dans la dure réalité de son quotidien. Slim l'optimiste Mais chez Slim, comme chez la plupart des créateurs, tout n'est pas si sombre que ça. La preuve c'est que dira t-il pour être heureux, il ne faut pas négliger l'apport au quotidien de petites choses comme la senteur d'une fleur, la spontanéité, le naturel, le rayon de soleil….tout ce qui fait que tout n'est pas gris. Slim s'interroge également dans cet ouvrage sur le sens de la vie, et y répond même de façon absolument sobre : le goût d'un fruit, le plaisir d'une amitié sincère… toutes ces choses auxquelles souvent on ne prête pas attention mais qui sont si importantes pour l'épanouissement de l'homme. L'an dernier toujours, on présentait à Riadh El Feth, un film sobrement intitulé, " Slim." Le court métrage de 30 minutes signé Djilali Beskri, est un hommage au bédéiste qui par l'humour, dérision et création de personnages inoubliables comme Bouzid et Zina, très ancrés dans le milieu pas algérois mais algérien, s'est fait connaître. Il montre l'itinéraire de ce géant de la BD qui se présente comme quelqu'un de particulièrement réservé, contrairement à ce que l'on peut penser. Interviews, anecdotes, photos d'archives et autres images, voici de quoi est fait ce film qui revient sur une ambiance particulière de l'Algérie des années 70. Slim est un journaliste, caricaturiste de presse et bédéiste né le 15 décembre 1945 à Sidi Ali Benyoub (près de Sidi-bel-Abbès) en Oranie dans l'ouest de l'Algérie. Auteur de nombreux albums BD distribués en Algérie et en France, Slim collabore avec de nombreux journaux et magazines internationaux (L'Humanité (Paris) en 1995/1996/1997. Il participe également à la création artistique des campagnes publicitaires de grands groupes mondiaux. Bouzid, Zina et le Gatt M'digouti ont été créés en 1964 à Alger. La rencontre du couple se fait non loin de Oued Tchicha. Mais Bouzid est un aventurier, il ne se mariera probablement jamais avec sa belle. Il y a aussi le fidele ami de Bouzid, "Ameziane" un kabyle très sympathique avec son accent. Il y a également l'ennemi de Bouzid, le méchant "Sid Esadik" un intégriste notoire qui déteste Bouzid (El-Besbesi). De son vrai nom, Menouar Merabtene, Slim qui a contribué à créer l'âge d'or de la bande dessinée algérienne, a rappelé que ses dessins d'abord publiés dans la presse algérienne ont été réunis sous la forme d'album dont le premier "Moustache et les frères Belgacem" est sorti en 1968. Il sera suivi de "Chkoune kidnapali Zina diali" (1974) "Zid Ya Bouzid" (Tome 1et 2) 1980, "La boîte à chique" (BAC) (1989), " Il était une fois Rien" (1989), Bouzid et le vote (1991), "Le Monde merveilleux des barbus (1995)", "Aïnterdit" (1996), "Retour d'Ahuristan" (1997) et "Walou à l'horizon " (2003).