Entre l'Algérie et l'UE rien ne va plus ! A croire les interventions des uns et des autres lors de la journée parlementaire organisée, hier au niveau de l'APN, par la commission des affaires économiques, du développement, de l'industrie, du commerce et de la planification, l'accord d'association signé avec l'Union européenne serait néfaste pour l'Algérie et aurait profité aux seuls Européens et autres multinationales. La présidente de ladite commission, Mme Houaria Bousmaha, n'est pas allée par quatre chemins. Pour cette députée du Parti des travailleurs, "plus rien ne justifie la poursuite de cette orientation et il est temps que l'Etat se réapproprie ses prérogatives en procédant à la rupture définitive avec les politiques du vide dictées par l'extérieur avec la généralisation de la décision de réinstauration des droits douaniers sur tous les produits importés, notamment ceux produits en Algérie". Ces "préconisations" sont, d'ailleurs, confortées par l'intervention du président de l'Assemblée populaire nationale, M. Abdelaziz Ziari dans son allocution lue en son nom "(…) ce que nous constatons, ce sont les tendances prépondérantes chez nos partenaires européens, d'où leur focalisation sur le côté commercial des accords et ignorent, ainsi, les réalités économiques, sociales et forcément politiques de nos pays" (Ndlr : pays de la rive sud de la Méditerranée). Les échanges commerciaux entre l'Algérie et l'Union européenne ont atteint 45,5 milliards de dollars durant l'année 2010, dont 1,6 milliard à peine d'exportations hors hydrocarbures en direction des pays de l'UE. Ces résultats infimes ont fini par démontrer que l'UE ne répond pas aux aspirations algériennes et qu'à défaut de transfert technologique et autre coopération, il n'y a eu que la transformation de l'Algérie en un vaste marché pour les sous produits européens passant par une "nécessaire" restructuration des entreprises et d'assouplissements de la législation algérienne générant, en définitive, la perte de 57 000 postes de travail dans les secteurs de l'industrie, l'agriculture, le textile en plus des pertes enregistrées au niveau des recettes douanières et fiscales. Le prix à payer a été cher, notamment à travers les recommandations émises via les programmes Meda 1 et 2. Celles-ci ont imposé à l'Algérie leurs instructions sous forme de recommandations, interdisant, cependant, à notre pays d'interférer dans les programmes des pays membres de l'Union européenne. Ce sursaut de conscience semble être motivé doublement par l'échec économique de cette association, mais surtout par la situation politique qui prévaut en Algérie et l'instabilité régnante dans plusieurs pays de la région où l'Europe s'est montré partie prenante. Les financements consentis par la BEI pour soutenir "la transition démocratique" dans les pays arabes en est une autre motivation. L'avis de cet échec se généralise et fait l'unanimité auprès des politiques et de beaucoup d'experts et économistes algériens à l'instar de Mbarek Serai, qui considère que "nous sommes perdants à 80 % sur les accords avec l'UE et qu'il faut tout réviser !". M.Serai évalue les pertes algériennes annuelles à quelque "15 milliards de dollars partagés entre les services, qui coûtent 11 milliards de dollars, et le démantèlement tarifaire qui coûte 2,5 milliards de dollars et qui risquent d'être extensibles à quelque 7 milliards de dollars". Il ajoutera que "nous ne sommes pas encore prêts pour ce genre d'association" et qu'"il ne faut pas laisser le gouvernement travailler tout seul et qu'il faut le soutenir". Le même son de cloche provient de chez M. Mekkideche, vice-président du Cnes, pour qui l'Europe empêche les Algériens d'accéder au marché européen, à commencer par l'exemple de la sonatrach qui éprouve des difficultés à écouler son gaz sur ce même marché. Pour ce type de mariage contre nature, le divorce semble être la solution miracle et peut même se révéler être ce mal si nécessaire. La volonté de bien faire de l'UE est remise en question, bien pire encore l'engagement et l'encouragement de l'Europe "aux côtés" des mouvements "révolutionnaires" frappant de plein fouet la région arabe et maghrébine, attestent de l'esprit déstabilisateur. Dans son allocution, M. Ziari, interpelle "nos partenaires européens qui doivent prendre conscience qu'ils sont concernés par ces instabilités, car c'est un des aspects de l'échec relatif de l'association commerciale ratifiée avec les pays de la rive sud". Dans ce sens, l'intervention du président de l'APN a été plus qu'un rappel mais revêt "une menace" brandie par les pays ciblés par les partisans de la politique de "désertification". Le message est on ne peut plus clair. L'exclusivité commerciale mène forcement vers le sous-développement économique de la rive sud, qui renvoie à une précarité sociale et pousse inéluctablement vers une instabilité politique, cette même instabilité politique qui n'arrange en rien les affaires des occidentaux et encore plus ceux de l'Union européenne qui doit méditer à cela.