• Un sommet Union-Afrique, le deuxième semestre de l'année en cours Cinq ans après son entrée en vigueur, l'accord d'association entre l'Algérie et l'Union européenne a été, ce jeudi, le thème d'un débat initié pour la première fois par la Commission des affaires étrangères de la coopération et de l'émigration de l'Assemblée populaire nationale en présence de l'ambassadeur de l'Espagne en Algérie, M. Gabriel Busquets (dont le pays préside l'UE depuis janvier 2010) et Mme Laura Baeza, ambassadeur, chef de la délégation de l'Union européenne. Les invités de la commission, présidée par M. Abdelhamid Si Afif, ont d'emblée mis l'accent sur l'importance de l'Algérie, partenaire privilégié de l'UE dans la région du Maghreb, au plan méditerranéen, du Sahel et à l'échelle proche-orientale. «Partenaire privilégié, l'Algérie est devenue incontournable », a reconnu le diplomate espagnol rappelant que l'Algérie est le fournisseur de l'Union de 25% de sa consommation en gaz et en pétrole. Il a annoncé la tenue, au cours du deuxième semestre de l'année, d'un sommet Afrique-Union européenne. Un autre sommet se tiendra au mois de juin à Barcelone dans le cadre de l'UPM. Le problème sahraoui et le processus de paix au Proche-Orient sont déjà inscrits à l'ordre du jour. Selon M. Busquets, le processus de paix au Proche-Orient est l'une des dernières opportunités, pour ne pas dire la dernière. « L'UPM pourrait jouer un rôle positif. Notre objectif est de parvenir à une déclaration finale sur le processus de paix au Proche-Orient », a-t-il souligné. En Algérie, l'accord d'Association est venu remplacer l'accord de coopération signé en 1976. Mme Laura Baeza estime que cet accord entre l'UE et l'Algérie a dépassé les simples relations économiques et commerciales, pour englober, pour la première fois, les dimensions politique, sociale et culturelle ainsi qu'une véritable coopération régionale et multilatérale. «Pour l'UE, l'Algérie, n'est pas un pays en voie de développement, c'est un pays en transition économique. Un voisin d'une importance stratégique et cruciale et un partenaire central dans l'espace euro-méditérranéen et un acteur clé dans le partenariat de l'UE avec l'Afrique », a souligné Mme Baeza. La déléguée de l'UE a regretté la baisse des investissements européens en Algérie, rappelant à l'assistance que la Chine est devenue le premier partenaire de l'Algérie. Loin de remettre en cause le bien-fondé de la loi de finances complémentaire, elle impute cette baisse aux mesures entreprises dans le cadre de cette même loi. «IL FAUT REVOIR LE FONDEMENT DES RELATIONS DE PARTENARIAT» Si pour les deux diplomates, la mise en œuvre de cet accord se déroule normalement, les membres de la Commission des affaires étrangères de l'APN font part d'un décalage entre ce qui est dit et ce qui se fait. Lors des débats francs et pimentés, surprenant d'ailleurs les deux diplomates européens, les députés ont estimé que l'accord profite beaucoup plus à l'Europe qu'à ses partenaires de la rive Sud. « L'Europe se construit sur le dos de la rive Sud de la Méditerranée », ont-ils souligné. Pour certains, il est impératif de revoir les fondements des relations entre les deux rives, qualifiant le processus de Barcelone d'exemple édifiant de l'échec. Pour d'autres, il faut recourir à des négociations bilatérales et commercer avec les pays ayant plus d'affinités avec l'Algérie, européens ou autres. Ils estiment que l'accord aurait dû être signé après l'adhésion de l'Algérie à l'OMC. « L'accord a été signé au moment où l'Algérie subissait l'isolement et le confinement », a regretté un membre de la Commission, estimant que l'ère est à la constitution de blocs économiques aux consonances sécuritaires à l'exemple des USA avec les pays de l'Amérique du Nord, l'Asie, la Russie, le Brésil et l'Amérique latine. Tentant vainement de convaincre les élus, les invités de la Commission ont souligné que l'Algérie a été le dernier pays de la région à signer l'accord. « C'était un choix. Elle ne pouvait rester en dehors de cette nouvelle dynamique », a souligné M. Busquets appelant les intervenants à reconnaître les effets positifs de cet accord. Les députés ont à l'unanimité dénoncé les timides réactions des pays européens à l'égard des deux questions de l'heure : la cause sahraouie et le calvaire des Palestiniens.