L'accord d'association Algérie-Union européenne a démontré ses « limites », s'accordent à dire les experts économiques et autres hommes politiques ayant pris part, hier, à la journée parlementaire intitulée « L'accord d'association entre l'Algérie et l'Union européenne et son impact sur l'économie algérienne », initiée par la commission des affaires économiques, du développement de l'industrie, du commerce et de la planification de la Chambre basse. AGITATIONS SUR LA RIVE SUD : «L'EUROPE A UNE PART DE RESPONSABILITE» M. Abdelaziz Ziari, président de l'APN, a, d'emblée, tiré à boulets rouges sur les partenaires européens qui, d'après lui, ont axé leur intérêts sur le volet commercial de l'accord, en négligeant complètement les domaines social, économique et politique de nos pays. A preuve, « le fossé s'élargit davantage entre les deux rives », a-t-il déclaré dans une allocution lue par M. Azzedine Boutaleb, vice-président de l'APN. M. Ziari va plus loin dans son analyse en affirmant que les « difficultés économiques et sociales dans lesquelles se débattent certains Etats de la rive Sud ayant contracté des accords avec l'Europe ont grandement contribué à l'intensification des agitations politiques que nous sommes en train d'observer depuis quelques mois. « Nos partenaires européens doivent savoir qu'ils sont concernés par ces agitations, car elles traduisent un aspect de l'échec du partenariat commercial avec les pays de la rive Sud », indique-t-il, en rappelant à l'assistance que l'engagement de l'Algérie dans cet accord relevait au tout début d'une décision politique, ayant pour but d'ériger une dimension stratégique à long terme avec les pays européens. Ce qui implique la révision de cet accord en vue de mettre en place un partenariat « plus ambitieux et plus vaste », constate-t-il. «NOUS SOMMES PERDANTS À 80%» M. Mbarek Serai, expert international en économie, n'y va pas avec le dos de la cuillère pour remettre en cause de fond en comble cet accord d'association avec l'UE qui fut qualifié, à l'époque, de « succès politique », compte tenu de « l'isolement » et des « pressions » que subissait l'Algérie de toutes parts durant la tragédie nationale. Aujourd'hui, dira-t-il, il faut le mentionner : « nous sommes tombés dans le même piège dans lequel se sont retrouvés la Tunisie et le Maroc. Nous sommes perdants à 80% dans cet accord. Nous avons fait des erreurs très graves sur le plan technique ». Serai est catégorique : « il faut remettre à table l'intégralité du document afin d'éviter que notre pays soit « un marché poubelle ». Cela dit, « il faut se réveiller pour renégocier cet accord et non pas uniquement le côté commercial, ou pour faire le gendarme ». Il est temps de songer au transfert de technologies, aux bourses à attribuer dans ce cadre à nos universitaires, déclare-t-il. Par ailleurs, M. Reda Hamiani, président du Forum des chefs d'entreprise, profite de l'occasion pour affirmer qu'effectivement l'Algérie a commis de graves erreurs dans la mise en œuvre de cet accord, « négocié par le ministère des Affaires étrangères sans concertation». «Les Européens nous ont mal gérés. La chose la plus grave encore, c'est qu'avant de négocier cet accord, les autorités ont décidé de diminuer la protection douanière à 30%. C'est-à-dire, nos autorités ont décidé de plaire à Bruxelles en ramenant la protection douanière à un niveau le plus faible dans la Méditerranée», déclare Hamiani qui regrette que les clauses de sauvegarde ne soient pas appliquées. «La défiscalisation a engendré un manque à gagner de 2,5 milliards de dollars et la perte des secteurs du textile et du plastique s'est effectuée dans le silence coupable des autorités », tonne-t-il. Mme Louisa Hanoune a été, quant à elle, catégorique en disant que « si l'Union européenne est en crise majeure, ce n'est pas à l'Algérie de la sauver ». M. Seddik Chiheb, vice-président de l'APN, estime, pour sa part, que le gouvernement a engagé la demande de revoir cet accord, en regrettant le fait « que les brebis galeuses s'érigent toujours en donneuses de leçons .»