Le torchon brûle entre l'Algérie et l'Union Européenne, quant au respect des engagements de l'accord d'association Algérie-UE. El Hachemi Jaâboub, ministre du commerce, a rejoint le clan des contestataires, à l'instar de Belkhadem et du patronat. «C'est un véritable boulet que traîne l'Algérie. Il entrave le développement de l'investissement et du produit made in Algeria », souligne-t-on. Ce constat a été confirmé par les résultats de la dernière visite de la délégation de la commission de l'UE, effectuée avant-hier à Alger, qui a ponctué les échecs itératifs de l'accord d'association avec l'UE. Signé en septembre 2005, l'Accord d'association Algérie-Union-européenne -est de plus en plus contesté- parmi les opérateurs économiques algériens. «L'UE n'a pas soutenu notre pays à adhérer à l'OMC (organisation mondiale du commerce), comme convenu lors des accords signés. Pis encore, les pays qui s'opposent à notre adhésion à l'OMC font partie de l'UE et sont censés être nos meilleurs partenaires », a rapporté hier la Chaîne III. Saisissant la visite d'une importante mission de la Commission européenne qui a été à Alger pour une visite de travail de deux jours, du 1er au 3 février derniers, le ministre du Commerce, El Hachemi Djâaboub, a vivement critiqué cet accord, accusant l'Union Européenne de faillir à ses engagements. Aussi, El Hachemi Djâaboub a reproché à l'UE d'avoir failli dans la coopération en matière de transfert de technologie et dans la lutte antiterroriste. Pour rappel, à la tenue du 4ème conseil d'association Algérie-UE, le 17 juin dernier au Grand-duché du Luxembourg, plusieurs voix se sont élevées pour demander le rétablissement de l'équilibre dans les échanges commerciaux entre les deux parties signataires. Le ministre du commerce algérien rejoint donc les nombreuses voix, notamment parmi le patronat, qui avaient depuis le début critiqué le partenariat avec l'UE. Cet accord d'association ne profite nullement aux entreprises algériennes mais surtout avantage les entreprises européennes. Les rares produits algériens capables d'être exportés vers l'UE comme les engrais sont frappés de taxes antidumping. Les responsables algériens avaient dénoncé à maintes reprises ces taxes «injustifiées» qui compromettent l'avenir de toute l'industrie pétrochimique algérienne. En fait, le différend entre les deux parties est lié aux exigences de l'UE de mettre fin à la subvention du prix du gaz destiné à l'industrie. L'UE reproche à l'Algérie de subventionner le prix des carburants sur son marché local. Mais Alger refuse de lever la subvention sur le gaz et d'aligner les prix des carburants sur les prix internationaux. L'Algérie compte renégocier plusieurs points de cet accord durant l'année en cours, d'où la dernière visite de la délégation de l'UE. La visite de la délégation de l'UE La délégation de l'UE qui a visité Alger avant-hier est composée d'un parterre de 12 fonctionnaires de l'UE spécialisés dans différents secteurs, et sera dirigée par Tomas Dupla del Moral, qui assure les fonctions de directeur pour le Proche, Moyen-Orient et Méditerranée du Sud à la direction générale des relations extérieures. «L'objectif de cette visite est de mener un examen approfondi des dossiers en cours dans les relations Algérie-Union européenne», est-il indiqué dans le communiqué de l'UE. C'est ce que nous apprend la délégation de l'Union-européenne en Algérie, par un communiqué de presse, dans lequel elle précise que des discussions seront menées entre les deux parties sur le commerce, les investissements, l'énergie ainsi que d'autres thèmes régis par l'Accord d'association Algérie-UE. La délégation européenne entreprendra des consultations avec les responsables du ministère des Affaires étrangères ainsi qu'avec des représentants des ministères de l'Energie et des Mines, du Commerce, des Finances, de l'Agriculture et de la Pêche. «Cette visite s'inscrit dans le cadre du renforcement des relations entre l'UE et l'Algérie et témoigne de l'importance que l'UE attache à ces relations», écrit la délégation accréditée à Alger dans son communiqué. «Par sa composition et sa dimension, cette mission revêt un caractère inhabituel, qui est justifié par l'importance stratégique pour les deux parties des thèmes qui seront abordés», ajoute-t-elle. L'accord d'association avec l'UE De son côté, le ministère des Affaires étrangères de Mourad Medelci a noté dans un communiqué que «cette visite a pour objet de mener des consultations avec les autorités algériennes sur l'état et les perspectives de la coopération algéro- européenne». En outre, le communiqué précise que «les deux parties procéderont également à un échange de vues sur la mise en œuvre de la feuille de route relative à l'Accord d'association ainsi que sur les échéances prévues à cet égard en 2010, notamment le calendrier des réunions du comité d'association et des sous-comités sectoriels, en préparation au Conseil d'association prévu en juin prochain». Paraphé en 2002 et mis en œuvre en 2005, l'Accord d'association a été depuis vivement critiqué par le patronat algérien. Beaucoup d'officiels algériens ont aussi décrié l'inégalité en matière de profits et aussi de pertes de cet accord. Depuis 2005, première année de mise en œuvre de l'accord d'association, les importations algériennes auprès de l'UE ont augmenté de près de 80%, passant de 11,2 milliards de dollars à 20,8 milliards de dollars fin 2008. Le démantèlement des barrières tarifaires a coûté, à lui seul, au trésor public, la bagatelle de 1,4 milliard de dollars en l'espace de trois ans selon les Douanes algériennes. Une situation jugée «inégale» par la partie algérienne et qu'elle veut corriger le plus rapidement possible. Les conditions d'accès au marché européen sont de véritables barrières non-tarifaires. Parmi ces conditions, il y a entre autre: la politique de protectionnisme de l'UE, les normes imposées aux produits exportés, le calendrier et les subventions à l'agriculture pratiquées ouvertement par plusieurs pays de l'UE. «Pour exporter le produit algérien, il faut qu'il soit intégré à un réseau international d'exportation. Et ce réseau ne peut se faire sans investissements directs étrangers (IDE)» font remarquer certains opérateurs algériens. Le défi imposé par l'Accord d'association à nos entreprises est très grand d'après le Président de la Commission de Suivie et de la mise en œuvre de l'accord d'association.