La pénétration des services financiers islamiques s'accentue au Kenya. Ainsi, les banques islamiques contrôlent 0,9% du total des comptes, vient de révéler la Banque centrale du Kenya. Cette dernière se base sur les statistiques de la Gulf African Bank et de First Community Bank qui sont exclusivement conformes à la charia. Dans ce sens, le professeur Njuguna Ndung'u, gouverneur de la Banque centrale du Kenya, a estimé que " l'adoption de la finance islamique devrait croître de façon exponentielle en Afrique subsaharienne. Le Kenya fait partie des pays africains qui prennent l'initiative pour des services bancaires conformes à la charia. " Notons que le 4e Forum africain de la finance islamique (Fifa) se tiendra les 13 et 14 avril à Tunis. Rappelons dans ce sens que le Nigeria va adopter cette année la finance islamique en publiant une réglementation concernant la supervision d'institutions offrant des services financiers sans intérêt. Quant au Kenya, deux banques islamiques ont vu le jour en 2010. Par contre, en Afrique francophone, la finance islamique semble à la traîne. Aucune émission de Sukuk ou nouvelle institution bancaire d'envergure en 2010 hormis la Banque Zitouna. Au Maroc, suite aux ajustements fiscaux de 2009, la filiale de groupe "Attijariwafa bank, Dar Assafaa", a certes su capter une nouvelle clientèle mais le royaume chérifien reste fermé aux acteurs étrangers. Dans la nouvelle Tunisie, de grandes interrogations pèsent sur la finance islamique, qui se doit de regagner la confiance des citoyens. En Algérie, la fin du crédit à la consommation a bouleversé l'ensemble du marché, fragilisant également les banques islamiques, à la recherche de relais de croissance. Pour rappel, les actifs bancaires de la finance islamique ont augmenté de 8,9% en 2010. La valeur du secteur est ainsi estimée à 895 milliards d'USD, selon les derniers chiffres de The Banker and Maris Strategies. Selon les derniers chiffres rendus publics par Standard & Poors, les émissions de "sukuks" (obligations islamiques) ont atteint au premier semestre 2010, 13,7 milliards de dollars, soit presque deux fois plus qu'au premier semestre 2009 (7,1 milliards). Standard & Poor's, dans sa dernière étude sur le sujet, voit une embellie sur le marché, même si le niveau reste loin de celui d'avant-crise où des sukuks avaient été émis près de 35 milliards de dollars en 2007. Les obligations souveraines ont représenté 75% du volume des émissions. Les institutions financières d'Asie et du Golfe retournent graduellement sur le marché. Le Japon (au travers de Nomura Holdings) a lancé, en juillet, son premier sukuk pour 100 millions de dollars. Les clés de l'expansion du marché pour S&P résident donc dans la mise en place de procédures de défaillance, une standardisation de l'interprétation de la charia au niveau de la finance islamique, et une augmentation des liquidités des sukuks en les intégrant dans les marchés réglementés. Aussi, et selon le président-directeur général de l'Institut africain de la finance islamique, Mouhamadou Lamine Mbacké, la finance islamique peut être le socle d'une industrie financière solide. C'est pour dégager les bases d'un tel projet qu'un forum mondial international se tiendra au Sénégal du 20 au 21 juin. Ce forum, le deuxième du genre veut ratisser large, si l'on en croit toujours Mbacké.