Ce n'est peut-être que la face visible de l'iceberg. Le nombre d'affaires liées au transfert illégal de la devise vers l'étranger, dont certaines ont un lien avec le blanchiment d'argent, est en constante augmentation. Les statistiques révélées par le directeur général des Douanes algériennes, hier sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, montre en effet que le phénomène a pris de l'ampleur. Selon lui, les Douanes ont traité en 2010 "650 affaires contre 583 en 2009", soit 67 affaires en plus en une année seulement. De même pour les montants illégalement transférés et saisis par les Douanes qui ont triplé. Le DG des Douanes, Mohamed Abdou Bouderbala a souligné, à ce propos que le nombre d'affaires en 2009 correspond à un montant de "4,4 milliards de dinars et celui de 200 a atteint 16,2 milliards de dinars". Les Douanes qui sont également engagées dans la lutte contre la corruption au sein de ses effectifs a enregistré quelques affaires et le premier responsable a prévenu que tout agent impliqué sera "radié du corps des Douanes" ajoutant que la lutte conte ce fléau est un leitmotiv de l'institution qui applique d'abord le règlement intérieur avant d'aller devant les tribunaux. Ainsi, fait-il savoir, les cas avérés ont sensiblement diminué ces dernières années et en 2010 par exemple, sur "150 agents soupçonnés 14 seulement sont impliqués". Cette baisse s'explique, selon Mohamed Abdou Bouderbala, par le "renforcement des mesures de contrôle internes comme l'installation des inspecteurs régionaux qui interviennent rapidement dans ce genre d'affaires". Pour lui, la lutte est de longue haleine et "ce n'est pas avec une baguette magique qu'on règle définitivement ce problème car le douanier évolue dans un environnement pollué entre corrompus et corrupteurs". Aussi, met-il en avant les mesures d'ordre salariales ayant contribué à améliorer les conditions sociales des douaniers qui disposent désormais d'un statut particulier promulgué au Journal officiel. Ce nouveau texte définit entre autres les missions des postes supérieurs, offre une assise juridique au corps des Douanes et crée de nouveaux postes comme le contrôleur général en chef, ce qui "rend la carrière du douanier plus attractive". Pour ce qui est du régime indemnitaire qui entre dans le cadre des augmentations de salaires, il a été signé par le Premier ministre et Mohamed Abdou Bouderbala annonce des augmentations qui touchent deux catégories, allant de "70 à 85% avec effet rétroactif de janvier 2008". En outre, de nouvelles indemnités comme celle sur le risque de "40%" et une indemnité d'astreinte, pour les agents travaillant au niveau des frontières, ont été instaurées dans le nouveau régime indemnitaire. A propos justement des effectifs au niveau des frontières, il est question d'installer "83 nouveaux postes pour renforcer le contrôle", d'autant que le trafic de drogue par exemple a pris de l'ampleur avec "74 tonnes de cannabis saisis en 2010 et le chiffre sera encore plus important cette année", avertit le DG des Douanes. Le tout est d'arriver à moderniser le corps des Douanes dont le processus a été entamé depuis 2007 avec comme première phase le renforcement des effectifs, un "objectif atteint puisque le nombre de douaniers est passé de 14 000 à 20 000 et seront 25 000 durant les années à venir". Le plan en question prévoit dans sa deuxième étape d'informatiser le service surtout que l'ancien, qui date de 1092, est "arrivé à son terme et le travail de jumelage entre le Cnis et les Douanes françaises aboutira à un nouveau système prochainement", a-t-il déclaré. Interrogé sur le nouveau Code des Douanes, Mohamed Abdou Bouderbala a affirmé qu'il achèvera le processus d'adoption avant la fin de l'année en cours.