Photo : S. Zoheïr Par Faouzia Ababsa Le transfert illégal des capitaux est en nette augmentation. C'est le directeur des Douanes algériennes, Abdou Bouderbala, qui en a dressé le constat hier, sur les ondes de la Chaîne III. En 2009, 583 affaires ont été traitées par les Douanes algériennes pour une valeur de 4,4 milliards de dinars, contre 16,2 milliards de dinars en 2010. M. Bouderbala est longuement revenu dans l'émission «L'invité de la rédaction», sur les fraudeurs, dont il dit qu'un fichier spécial a été spécialement créé pour eux, grâce à l'introduction du numéro d'identification fiscale.Lesquels fraudeurs se verront affectés, pour les contrôles, les agents douaniers qui opéraient avec l'ensemble des opérateurs. En fait, il a un peu plus explicité le système des opérateurs agréés, en règle avec les services fiscaux. A ceux-là, des facilitations douanières seront accordées avec la mise en place du couloir vert. «A charge pour l'administration douanière de procéder à des contrôles a posteriori.» Ce système des opérateurs agréés n'est pas encore en vigueur en dépit de la promulgation du décret y afférent, il y a maintenant trois ans. Selon M. Bouderbala, le processus va être mis en place assez rapidement, dès que les textes d'application auront été rendus publics. Le phénomène de la contrefaçon n'était pas absent de l'émission. Le directeur général des Douanes a reconnu que le problème est réel et représente un véritable danger pour la sécurité et la santé des citoyens. «Ce sont des importateurs algériens qui importent à la demande d'opérateurs indélicats», a-t-il précisé. Surtout lorsqu'il s'agit de produits alimentaires et de médicaments. L'invité de la radio n'a pas exclu que les pouvoirs publics érigent la contrefaçon en délit réprimé par le code pénal, cela sur proposition de l'institution qu'il dirige. Il a tout de même précisé que les Douanes à elles seules ne peuvent juguler ce phénomène si le propriétaire de la marque ne réagit pas. Il a été également question de la modernisation des Douanes. Elle est d'ailleurs liée au statut particulier des douaniers et au régime indemnitaire qui entrera incessamment en vigueur. Ainsi, les douaniers verront leurs salaires augmentés entre 70 et 85%. Pour le patron des Douanes, ces augmentations ne sont que justice, surtout que cela fait longtemps que les agents n'ont pas connu de hausses de salaire. Des hausses qui vont juguler quelque peu les phénomènes de corruption. Abdou Bouderbala a indiqué que 72 agents ont été impliqués dans des affaires de corruption. En 2009, 190 affaires de corruption ont été traitées et des agents ont comparu devant la commission de discipline, contre 130 agents en 2010. Il y a deux ans, «sur 150 affaires, nous avons eu 10 cas avérés de corruption et de trafic d'influence. En 2010, sur 66 affaires, il y en a eu 14 liées à la corruption et au trafic d'influence. Nous voulons travailler, mettre en place des règles de gestion pour la majorité qui n'est pas corrompue», a précisé le DG des Douanes qui a précisé que ce n'était pas un assainissement direct et que de toutes les manières il n'y avait pas de baguette magique. «Mais avec la modernisation, la nouvelle organisation, ce phénomène est en train de reculer.» La mise en place des systèmes de contrôle, des inspections générales qui interviennent immédiatement, des inspections de proximité contribuera à atténuer le phénomène. La disparition de containers du port d'Alger est un cas de corruption avéré, selon M. Bouderbala. Lequel a tenu quand même à préciser qu'il s'agissait de 9 containers qui ont été détournés au cours du trajet par les agents de l'escorte et le propriétaire de la marchandise «qui ont cru échapper à la vigilance des contrôles. Ces containers ont été retrouvés stockés dans certains endroits. Des scellés ont été apposés dans les garages. L'affaire est en justice». Toutefois, le patron des Douanes a été assez prudent en indiquant que la corruption a reculé dans son institution. «Mais il ne faut pas oublier que les Douanes évoluent dans un environnement pollué», a-t-il dit.