Après le Japon, les Etats-Unis et l'Europe, le premier constructeur d'automobiles mondial, Toyota, doit freiner ses cadences en Chine, à cause d'un manque de pièces détachées dû au séisme japonais et va diminuer sa production mondiale d'au moins 500 000 voitures. Le groupe japonais a expliqué "Afin de gérer la situation résultant du tremblement de terre du 11 mars dans le nord-est du Japon, la production des véhicules en Chine ne représentera que 30 à 50% du total prévu du 21 avril au 3 juin à cause de difficultés d'approvisionnement". Sous l'effet du tremblement de terre de magnitude 9 et le tsunami géant qui a suivi, plusieurs ateliers spécialisés dans les pièces détachées pour automobile dans la région Tohoku (nord-est du Japon) ont été détruits ou endommagés. Depuis, Toyota peine à recevoir quelque 150 pièces, particulièrement des composants électroniques et des matières plastiques, ce qui la force à ralentir en masse ses chaînes de montage dans l'archipel et le reste du monde. Le groupe Toyota va devoir réduire le rythme du travail de moitié au moins jusqu'au 3 juin, au Japon et aux Etats-Unis, les deux premières bases productives. Alors que trois usines d'assemblage d'Europe tourneront au ralenti et que les horaires seront allégés dans une fabrique australienne. Quelque 260 000 voitures fabriquées en moins au Japon d'ici juin, 150 000 en Amérique du Nord, 80 000 en Chine et 50 000 en Europe: Toyota estime désormais sa perte de production à plus d'un demi-million de voitures, sur un total de 7,7 millions d'unités attendues en début d'année pour l'ensemble de 2011. "Nous suivons avec une extrême attention la situation de nos pièces détachées et faisons de notre mieux pour un retour à la normale aussi rapide que possible", a assuré un porte-parole du groupe, Paul Nolasco. Le constructeur, actuellement, n'est pas en état de fixer un échéancier de reprise à plein, quelques clients pourraient montrer des signes d'impatience. Toyota est le spécialiste du "juste à temps", un système de production consistant à limiter au minimum les stocks, lesquels ne dépassent d'habitude pas un mois de production. Donc retrouver un rythme normal de production dépend en grande partie de la capacité de ses fournisseurs à le réapprovisionner, ce qui pourrait prendre du temps après les énormes dommages endurés par les ateliers du Tohoku. L'autre possibilité consiste à changer de fournisseurs, mais une telle décision est "impossible" à instaurer rapidement, selon M. Nolasco, vue la complexité que représentent la conception, le test et la production des composants par les sous-traitants. Toyota n'est pas le seul concerné, ses concurrents japonais Nissan et Honda, américains General Motors et Chrysler ou français Renault et PSA, eux aussi, subissent le contrecoup de leur dépendance à des fournisseurs du Tohoku. Cette difficulté tombe au plus mal pour le fleuron nippon qui commençait à se relever du rappel pour défaut technique de près de 9 millions de véhicules entre septembre 2009 et février 2010. Le PDG du groupe, Akio Toyoda, avait présenté un ambitieux plan stratégique, deux jours avant le séisme, visant à grandir dans les pays émergents et à lancer dix nouveaux modèles hybrides (motorisation à essence + électricité) d'ici à 2015. Le constructeur espérait en plus rentabiliser au plus vite son activité de vente de voitures, afin de moins dépendre d'autres activités du groupe, bénéficiaires, comme le crédit aux concessionnaires et aux acheteurs d'automobiles. La nouvelle donne post-séisme pourrait inciter Toyota à la prudence lors de la présentation de ses prévisions pour l'année budgétaire 2011/12, attendues le 11 mai avec ses résultats financiers 2010/11.