Dans la wilaya de Médéa, la steppe constitue un ruban de 200.000 ha, qui suit le flanc sud constitué par le triangle communal de Boughzoul, Chahbounia et de Bouaïche. C'est la région des grands espaces plats, parcourus par des lits d'oueds, et des dépressions, délimités entre les isohyètes, 300 et 400 millimètres de précipitations en moyenne par année, propices à la céréaliculture, parallèlement à l'élevage ovin. Ces immensités steppiques s'expriment, aujourd'hui, en incertitudes, à commencer par la rareté de l'humus, qui dessert le développement des plantes servant de réservoir hydrique et nourricier au " bled El Ghanem ", le pays du mouton. Et les dégradations subies sous les actions éoliennes et biologiques (déplacements du pasteur et de l'animal, se lisent à ciel ouvert. La composition floristique (Alfa, armoise, sparte, hélianthème) - élément fondamental de la société pastorale - a laissé place à une véritable " calvitie " du sol.Notre reportage revient avec un constat : l'équilibre maintenu pendant des siècles, a été rompu, conséquence du surpâturage, et des labours qui ont détruit les plantes vivaces.Agressées à la fois par l'homme et par cette pratique d'élevage ad habitum, ces régions steppiques sont en péril et n'arrivent plus à nourrir le cheptel. " La charge actuelle est de 10 moutons /4 ha comparée à l'Australie qui est de 1 mouton/10 ha ", comme l'explique un cadre de l'agriculture. Les dégâts ont été lents, insidieux et silencieux. ces immensités qui symbolisaient la relation entre l'homme et l'environnement, sont " gommées ". Autrefois, témoigne un ancien éleveur, " cette pratique était respectée. Les labours anarchiques et la sursaturation des pâturages, ont conduit à la destruction inexorable des ressources ". Mieux encore, avec cette pratique hors-sol qui est l'engraissement, la course au profit est devenue la règle. En 1967, la viande ovine du Titteri était exportée vers la France à partir de Aïn-Oussera.