Au moment où Moscou a déployé une politique énergétique orientée beaucoup plus vers une large présence sur le marché européen, notamment dans le domaine gazier, la Russie est confrontée à une pénurie aigüe en produits pétroliers et carburants. Les consommateurs de produits énergétiques, dont des entreprises et automobilistes, ont mis en garde, hier, quant à la réglementation étatique des prix, initiée au début de 2011 par le Service fédéral anti-monopole russe (FAS), qui a provoqué une pénurie de carburant dans plusieurs régions du pays. Les pressions du FAS ont forcé les stations-service indépendantes à quitter le marché, ont indiqué au début de cette semaine les représentants de l'Union russe des carburants (RTS) au cours d'une rencontre avec le directeur du FAS, Igor Artemiev. La réunion a été consacrée à la situation dramatique qui s'est créée dans le territoire de l'Altaï (Sibérie), où la plupart des stations-service indépendantes ont cessé leurs activités le week-end dernier, tandis que les stations de Rosneft ne délivrent du carburant qu'à raison de 20 litres par véhicule. La situation reste tendue à Saint-Pétersbourg (nord-ouest), à Voronej (centre), à Novossibirsk (Sibérie) et à Sakhaline (Extrême-Orient), a fait savoir le président du RTS Evgueni Arkoucha. La crise est aggravée par les travaux d'entretien menés actuellement dans quatre raffineries du District fédéral central. Selon les propriétaires des stations indépendantes, la pénurie de carburant est provoquée par le refus des principaux fournisseurs de la région, Rosneft et Gazprom Neft, de livrer de l'essence et du gazole aux sociétés privées. Au terme de la réunion, le Service anti-monopole russe a promis d'examiner la situation et de lancer des poursuites judiciaires à l'encontre des grandes compagnies pétrolières en cas d'entente illicite entre elles. Selon l'organisation des consommateurs d'énergie russes, la pénurie actuelle est due aux pressions exercées en février dernier par le Service anti-monopole, le premier ministre Vladimir Poutine et le ministère russe de l'Energie en vue de pousser les compagnies pétrolières à baisser le prix de l'essence vendu dans le pays. De ce fait, exporter l'essence est devenu plus avantageux pour les sociétés actives dans le domaine que de la vendre sur le marché intérieur. Selon M. Arkoucha, il est toujours peu probable que la situation similaire à celle qui s'est produite dans le territoire de l'Altaï se répète à Moscou ou à ses alentours. Toutefois, des signes de pénurie de carburant se font déjà sentir dans la région de la capitale. En revanche, pour faire face à cette situation de crise qui guette le pays, les compagnies pétrolières russes ont décidé de surseoir à leurs exportations en produits énergétiques. Ainsi, les médias russes ont annoncé hier que les firmes pétrolières ont décidé de suspendre les ventes sur le marché international durant le mois de mai en cours afin de remédier à la pénurie d'essence qui frappe plusieurs régions russes, a annoncé le vice-ministre russe de l'Energie, Sergueï Koudriachov. "La réduction des volumes d'exportations doit nous permettre de satisfaire les besoins du pays en produits pétroliers", a déclaré M.Koudriachov. "En mai prochain, l'ensemble de la production des compagnies pétrolières russes sera destinée au marché intérieur". La pénurie actuelle est due aux pressions exercées par le Service anti-monopole, le premier ministre Vladimir Poutine et le ministère russe de l'Energie en vue de pousser les compagnies pétrolières à baisser le prix de l'essence vendue dans le pays. De ce fait, exporter l'essence est devenu plus avantageux pour les sociétés que de vendre sur le marché intérieur.