" La prise en charge des aspirations profondes et légitimes des sociétés dans les pays de la rive sud de la Méditerranée contribue à la stabilité dans la région et, au final, à la sécurité énergétique de l'Europe", a souligné M. Youcef Yousfi, ministre de l'Energie et des Mines, vendredi dernier, à partir de la ville italienne de Palerme (Sicile). Il a souligné ainsi la nécessité de prendre à bras le corps les préoccupations des populations des pays de la rive sud de la Méditerranée en exhortant les dirigeants politiques des pays européens à s'intéresser davantage à la solution des problèmes des pays sud méditerranéens, notamment ceux d'Afrique du Nord. "De fait, (avec) la présence de matières premières riches et diversifiées, d'infrastructures de qualité, l'implantation d'industries pouvant offrir des emplois à cette jeunesse (des pays de la rive sud) est possible et s'avère aujourd'hui, d'une nécessité impérieuse", a souligné Yousfi aux journées d'études sur le partenariat euro-méditerranéen, consacrées au thème du partenariat en matière d'énergie. "Les investissements européens, en dehors des hydrocarbures, je parle essentiellement de l'Algérie, restent très limités. C'est donc avec une vision à long terme qu'il conviendrait de développer un partenariat entre l'Algérie et l'Europe, bien au-delà du secteur des hydrocarbures", a indiqué Yousfi. Il a ajouté que c'était "un partenariat global" qui pourrait "assurer, d'un côté un développement harmonieux, facteur essentiel de la stabilité, et d'un autre côté, la sécurité des approvisionnements énergétiques pour le long terme". Evoquant le processus de Barcelone, il a dit, selon l'APS, qu'il avait "déçu les immenses espoirs placé par les pays au sud de la Méditerranée", affirmant que "cet échec" s'expliquait par le fait que la logique et la dimension commerciale ont pris largement le dessus sur celle du co-développement. Pour Yousfi, "nos économies sont certainement complémentaires et le processus d'industrialisation que nous entamons de manière déterminée en Algérie, ne représente pas une source de compétition avec les économies européennes, loin de là". Cependant, a-t-il ajouté, "nous souhaitons entreprendre ce processus de diversification avec l'appui et l'aide multiforme des pays européens avec lesquels tant de liens nous unissent". Yousfi a rappelé la position géographique privilégiée de l'Algérie et ses réserves d'hydrocarbures qui font d'elle "un acteur naturel dans l'approvisionnement en Méditerranée, particulièrement avec ses partenaires de l'Union européenne"."Aujourd'hui, lorsque l'on examine les flux énergétiques mondiaux, on relève que l'ensemble regroupant l'Italie, la France et l'Espagne importe environ 10% du pétrole mondial, 14 % du gaz naturel", a relevé le ministre, précisant que "l'Italie, plus précisément, importe près de 8 % de la demande mondiale de gaz naturel". Dans ce cadre, il a souligné que "l'Algérie, de son côté, dispose d'importantes réserves prouvées d'hydrocarbures et consacre à l'Italie, la France et l'Espagne près du quart de ses exportations pétrolières, la quasi-totalité de ses exportations de gaz naturel, plus de la moitié de ses exportations de GNL et enfin près des deux tiers de ses exportations de GPL". Le ministre qui a rappelé que "l'Algérie a toujours été un partenaire fiable et stable dans la structure des approvisionnements en hydrocarbures des pays européens et n'a jamais failli à ses engagements," tout en soulignant que "les flux de gaz en provenance du Sahara assurent un approvisionnement régulier et sécurisé de l'Europe, soit sous forme de GNL ou par gazoducs, compétitif en termes de coûts de mise à disposition et propre sur le plan environnemental". Il a assuré que les relations énergétiques entre l'Algérie et l'Europe étaient "ancrées dans la durée", ajoutant que les gisements de gaz sahariens ont commencé à approvisionner le sud de l'Europe en 1964, "sans interruption depuis, même au cours d'une des périodes les plus tragiques de notre histoire récente". Le ministre algérien a plaidé, dans ce sens, pour des "contrats gaziers à long terme" qui constituent "le socle du partenariat énergétique et le facteur déterminant de la sécurité des approvisionnements". Evoquant la promotion des énergies renouvelables, Yousfi a affirmé que la protection de l'environnement était "une préoccupation globale" qui interpelle l'humanité dans son ensemble. "L'Algérie y est très sensible puisque nous subissons l'avancée du désert et que nous ressentons fortement les effets du changement climatique", a-t-il dit, précisant que la protection de l'environnement a été, depuis des décennies, "très présente dans notre politique énergétique". Dans ce cadre, il a rappelé que "l'Algérie a consenti d'importants investissements pour réduire le volume des gaz torchés et mis en œuvre, depuis plusieurs années, et avec ses partenaires européens, des techniques de séquestration au niveau des gisements de gaz d'In Salah pour éviter de rejeter dans l'atmosphère environ un million de CO2 par an". Par ailleurs, Yousfi a fait savoir que la politique énergétique algérienne visait à "produire à l'horizon 2030, environ 40 % de l'électricité à partir d'énergies renouvelables". "De par notre situation géographique, nous disposons d'un gisement solaire incomparable que nous comptons mettre en valeur", a-t-il souligné. En février dernier, le gouvernement algérien a approuvé un programme de développement des énergies renouvelables qui prévoit, à l'horizon 2030, une capacité de production de 22 000 mégawatts dont 10 000 pourraient alors être dédiés à l'exportation si les conditions de faisabilité sont réunies, a-t-il rappelé. Ce programme, a ajouté Yousfi, englobe également l'utilisation des énergies renouvelables pour le dessalement des eaux saumâtres, notamment au Sud du pays, relevant que "les objectifs (de ce programme reposant sur l'utilisation d'un équipement local) pourraient être révisés en fonction des coûts, des progrès technologiques et des perspectives d'exportation d'électricité".