De loin ou sur photo, on le prendrait facillement pour un Bob Marley ! Lui s'appelle Mad Sheer Khan. Un nom aux sonorités peu communes, et pourtant il est né en 1955 à la Casbah d'Alger. Aujourd'hui à partir de 19h, il animera un spectacle annoncé comme psychédélique à la salle Ibn Zeidoun de Riadh El Feth. L'invité du Centre culturel français d'Alger, (CCF) est, ainsi, de retour à Alger pour un concert mémorable. D'une mère algérienne et d'un père persan, cet auteur, compositeur et poly-instrumentiste, a signé cinq albums personnels. Mad Sheer Khan s'est surtout illustré avec “ 1001 Nights ” (1999) pour 7 chanteuses navajo, algérienne, malienne, iranienne, israélienne, tibétaine et indienne, avec un orchestre de chambre et des solistes prestigieux comme Subramaniam et Allah. Dans Samarkand Hotel (2003), son dernier album enregistré en compagnie d'une joueuse de tampura, sorte de harpe à 4 cordes, et de deux percussionnistes indien et cubain, Mad Sheer Khan célèbre à sa façon l'oeuvre de Jimi Hendrix sur son Dilruba (violon du Rajasthan). Arrivé en France l'année suivant sa naissance, le petit Mahamad Hadi s'oriente très jeune vers la musique et a tôt fait d'enlever les barrettes de sa première guitare pour avoir le son du oud (luth). Même si j'ai eu, par la suite, des instruments de facture traditionnelle, confiera-t-il, j'ai toujours demandé à des luthiers de fabriquer mes prototypes (guitare quart de tons, dobro-sitar, oud électrique, guitare-sitar, etc. Mad Sheer Khan a ensuite appris à jouer du dilruba et de l'esraj, deux instruments de musique classique indienne proches du sitar, avant de se tourner vers la musique persane avec le tar et le santur, respectivement un luth à long manche et une cithare à cordes frappées. Il s'est, en outre, intéressé à la musique baul du Bengale et à la musique gnawa au Maroc. Mad Sheer Khan, que le célèbre magazine britannique New Musical Express classait en 1982 parmi les dix meilleurs guitaristes au monde, a croisé la route de musiciens comme John Mc Laughlin et travaillé avec nombre d'artistes de renom comme Nico, l'égérie du Velvet Underground avec laquelle il a enregistré Drama of exile 1 & 2. Il a également collaboré avec Mickael Riley du groupe britannique de reggae Steel Pulse, la Franco-Marocaine Sapho, Jean-Louis Aubert (ex-Téléphone), Keziah Jones, Michael Hutchence du groupe pop australien INXS et Sting. (Photo by Christophe Rouffio, Courtesy of Warner Music). A la croisée de trois cultures, il a su développer des relations fertiles entre ces influences. Ses racines orientales se retrouvent constamment dans ses compositions- rythmes, couleurs, modes, inspirations. Il cherche toujours à dépasser l'aspect pittoresque de “l'Orient rêvé” et sans cesse cherche des jonctions syncrétiques entre l'Orient occidental et l'Occident oriental.