A l'issue du colloque Tahar Djaout qu'a organisé l'Association culturelle Tusna (le savoir) de concert avec la direction de la Culture de wilaya et la Maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, entre le 3 et 4 juin, le prix littéraire Tahar Djaout a été décernée, pour sa première édition, à l'auteur Yamilé Ghebalou-Heraoui pour son roman "Liban", paru récemment chez Chihab. Doté d'une somme de 150 000 DA, ce trophée a été décerné par les membres du jury après la lecture d'une cinquantaine de romans. Selon la présidente du jury, les autres œuvres sont aussi magnifiques les unes que les autres. Le second trophée fut attribué à Abderrahmane Yefsah, le frère du défunt journaliste de la Télévision, Smaïl Yefsah, pour "Et Caïn tua Abel", tandis que le troisième a été décerné à Yazid Keffif pour "L'enfant ressuscité". Dans la catégorie Nouvelles, le jury a décidé de ne rien attribuer, considérant toujours selon sa présidente, que les écrits reçus " étaient très pauvres dans la forme, même si le fond, lui, était parfois sublime. Mais nous ne pouvions nous permettre d'encourager cela. Nous leur avons demandé de les reprendre et de les corriger pour qu'éventuellement, ces textes soient plus compétitifs l'année prochaine". Enseignante à l'Université de lettres de Bouzareha, Yamilé Ghebalou-Heraoui signe deux ans après sa nouvelle "Grenade", dans laquelle le lecteur peut y découvrir un style et une poésie, " Liban", lui est un roman sur la décennie noire. " Etre récompensée par un prix Djaout, est la plus belle chose qui puisse m'arriver, d'autant que j'ai connu cet homme remarquable dont le verbe m'a toujours subjugué", a-t-elle dit. L'œuvre récompensée est "l'histoire de Omar, un jeune algérien tireur d'élite, garde du corps de Kamel Djoumblat dans un Liban déchiré par la guerre civile et dont le père avait été assassiné quelques années plus tôt en Algérie. L'Algérien qui voyait en Djoumbalt son patron, pourtant impitoyable avec ses ennemis, ce père spirituel qu'il aura sur la conscience de n'avoir pas su protéger au moment de son assassinat. " " Liban" : 180 pages, 450DA est un récit qui épouse le même temps que la nostalgique "Grenade ". Universitaire, chercheuse, l'auteur a rencontré il y a quelques jours à la librairie Chihab, sise à Bab El Oued, son public. Si elle est passée au roman après avoir exploré les terreaux de la poésie et de la nouvelle, "c'est pour se tester, trouver ses cordes ", dira-t-elle. Deux personnages algériens dans un Liban fictif : Omar, l'Algérien, Esmet Nour, l'héroïne également. Elle parle donc de sa contrée natale l'Algérie. Mais pourquoi Liban ? Ghebalou semble faire le point entre les violences d'ici et de là-bas. Parler du Liban, explique-t-elle, est une préfiguration de ce qui s'est passé en Algérie. Une écriture exutoire, certes, mais "j'ai besoin de distance géographique pour parler de l'Algérie, à travers des symboles". La violence est omniprésente dans ce roman, les déchirements même si, dira Yamilé Ghebalou-Haraoui, "je n'ai pas trouvé le ton pour parler d'Alger, l'auteur doit être fidèle à la représentation qu'il se fait de la réalité". Eternelle recherche du sens de la vie ! "Cette allusion à l'histoire de notre pays est voulue, en accord avec l'esprit de notre création littéraire", dira la lauréate et d'ajouter dans ce sens que "la littérature algérienne contemporaine est fortement influencée par le besoin de se référer et de s'inspirer des pans lointains ou rapprochés de l'histoire de l'Algérie".