Lors d'un séminaire organisé, mardi, par le Conseil national économique et social (Cnes), en présence d'experts nationaux, les six (6) indicateurs composites de gouvernance de la Banque mondiale (BM) ont été expliqués par un expert de cette institution financière internationale. Ces indicateurs, ou critères, qui permettent de "mesurer la gouvernance dans un pays donné" sont exposés "pour la première fois dans un pays tiers", a indiqué le représentant de l'Institut de la BM, M. Edouard Al-Dahdah. Selon le président du Cnes, M. Mohamed Seghir Babès, l'avantage pour la CNES est de "s'approprier ces indicateurs pour faire l'évaluation de la gouvernance en Algérie". Il a précisé, cependant, que la présentation de ces indicateurs par la BM ne signifie pas que l'Algérie va obéir à "des injonctions" pour mesurer la gouvernance. Le représentant de l'Institut de la BM a, dans un premier temps, défini la notion de gouvernance, qui est "un ensemble de normes à travers lesquelles l'autorité publique est exercée". Il a ensuite énuméré les six indicateurs, à savoir la redevabilité au citoyen, la stabilité politique et l'absence de violence, l'efficacité du gouvernement, la qualité réglementaire, les règles de droit et enfin, le contrôle de la corruption. Le conférencier a précisé que c'est en mesurant ces critères, considérés par la BM comme des références universelles sur la base d'enquêtes menées par différentes sources et d'avis d'experts, que cette institution détermine si un pays dispose de la bonne gouvernance ou, au contraire, enregistre un déficit de gouvernance. Les sources, au nombre de 31 en plus de 16 ONG auxquelles fait appel la BM pour faire ce diagnostic, sont issues de domaines d'activité variés, a-t-il dit, précisant que cela va des experts d'agences privées d'analyse de risques commerciaux aux experts d'ONG internationaux et autres centres de recherches, aux agences gouvernementales, mais aussi multilatérales. Le représentant de la BM a souligné que pour chaque indicateur, il est fait appel à des experts précis, soulignant que cette institution établit des mesures de gouvernance dans 213 pays du monde et fait des comparaisons entre pays enquêtés. Le conférencier a également expliqué que pour chacun des 6 indicateurs composites est attribuée une notation qui varie selon le nombre de sources qui ont répondu aux questions de l'institut de la BM, et les conclusions des enquêteurs ou des sondeurs. Aux yeux de la BM, un pays qui enregistre de faibles points (allant de 1 à 100) est considéré comme mal gouverné. En revanche, une note se situant dans les 80 points classe le pays concerné dans la catégorie où la bonne gouvernance est une réalité. Pour le conférencier, l'avantage des indicateurs de comparabilité entre les pays (selon qu'ils sont bien ou mal gouvernés) encourage ces derniers à aller de l'avant dans la gouvernance. Lors du débat, des intervenants ont mis en avant la question des spécificités des pays pour contester les unités de mesures propres à la BM, qu'elle présente comme "universelles". Ils ont reproché à la BM le fait que ses sources sont dans leur quasi-totalité issues du monde occidental et, par conséquent, pourraient manquer d'objectivité dans leurs enquêtes. D'autres, enfin, ont proposé d'associer les travaux d'évaluation de la gouvernance au niveau national avec ceux de l'Institut de la BM et en tirer une synthèse de normes et de critères à suivre dans les enquêtes. Le séminaire s'est poursuivi, hier, par l'exposé d'une analyse comparative des diverses méthodes présentées au regard des objectifs d'évaluation de la gouvernance en Algérie, ainsi que par la présentation des travaux du Cnes sur les indicateurs de gouvernance.