La Concorde civile qui a réconcilié les Algériens entre eux, après une décennie sanglante, aura été une œuvre "salutaire" pour le pays, a estimé l'ex-président français, Jacques Chirac, dans ses mémoires. "Salutaire aura été l'œuvre de Concorde civile accomplie (à) par le chef de l'Etat algérien, Abdelaziz Bouteflika, au lendemain de dix ans de terrorisme qui ont ensanglanté l'Algérie", écrit-il dans le deuxième tome de ses mémoires, parus récemment sous le titre "Le temps présidentiel" aux éditions Nil. L'ex-premier homme de l'Elysée rappelle que, durant la visite d'Etat qu'il avait effectuée en Algérie en mars 2003, il a "salué" les efforts du président Bouteflika et, à travers lui, de tout son peuple pour "restaurer l'unité nationale et s'engager sur la voie de la modernité". Evoquant "l'importance" qu'il accorde à ce voyage en Algérie, le président Chirac s'est dit "heureux" de pouvoir y retourner à un "moment où nos deux peuples aspirent plus que jamais à vivre côte à côte, dans la paix, la confiance et le respect mutuel". "Comme on le sait, les relations franco-algériennes ont traversé bien des turbulences au cours des trente dernières années avant de parvenir à un apaisement, puis à un rapprochement souhaité de part et d'autre", relève-t-il, signalant que les circonstances étaient "loin de s'y prêter" à son arrivée au pouvoir en mai 1995, en raison notamment des attentats terroristes perpétrés sur le sol français et revendiqués par le GIA. Il affirme qu'il a fallu l'élection d'Abdelaziz Bouteflika en 1999 et sa visite d'Etat en France l'année d'après pour "amorcer une réconciliation", relevant que le tout nouveau chef d'Etat était "porteur d'un nouveau souffle pour l'Algérie et d'une plus grande exigence démocratique". Revenant à sa visite "triomphale" en Algérie, il a rappelé que dans la Déclaration d'Alger qu'il a signée avec le président Bouteflika, les deux pays se sont engagés à élaborer et conclure un Traité d'amitié qui devait consacrer leur volonté de mettre en œuvre ce "partenariat d'exception". Mais, selon le président Chirac, la rédaction de ce traité "s'est heurtée" à "l'acte de repentance que le gouvernement algérien nous demande quelque mois plus tard de faire figurer dans le préambule", acte par lequel la France exprimerait ses regrets pour "les torts portés à l'Algérie durant la période coloniale". "Ce qu'exigent de nous les autorités d'Alger n'est rien d'autre que la reconnaissance officielle d'une culpabilité. Je ne l'ai naturellement pas accepté, consentant tout au plus à souligner, dans une déclaration parallèle et distincte du traité, les épreuves et les tourments que l'histoire avait imposés à nos deux pays", affirme-t-il, ajoutant : "C'est le maximum de ce que je pouvais faire". Pour le président Chirac, l'amitié franco-algérienne "se passerait" donc de traité, ce qui serait, à ses yeux, la "meilleure façon pour elle (l'amitié) de se poursuivre".