Saab, ce constructeur suédois qui nous a séduit plus d'une fois par ses automobiles, se trouve actuellement dans une situation critique. Le Suédois a annoncé, hier, qu'il cessait de payer les salaires de ses employés. Son avenir apparaît d'autant plus sombre que son propriétaire, Swedish Automobile (ex-Spyker), n'est pas certain de pouvoir trouver des fonds rapidement. Ce dernier affirme être en discussion avec plusieurs interlocuteurs pour obtenir un financement à court terme, y compris par la vente de l'usine du constructeur, mais ne donne aucune garantie.. Pour note, environ 1 500 ouvriers, qui attendaient leur paye, hier, n'ont rien reçu. Le reste des 3 700 salariés sera concerné lundi "si rien ne change jusque-là". Les syndicats ont déclaré qu'ils enverraient une mise en demeure au groupe si leurs adhérents n'ont pas touché leurs salaires dans quelques jours "Après, la compagnie aura sept jours pour réagir, puis nous aurons deux possibilités. Soit nous constaterons que le problème peut-être résolu, soit nous demanderons la mise en faillite de Saab", a affirmé Veli-Pekka Saikkala, représentant d'IF Metall. Le groupe est au bord de l'asphyxie depuis plusieurs mois. Surtout que l'usine de Trollhätatan, dans le sud de la Suède, a été à l'arrêt pendant la plus grande partie d'avril et mai, faute de pouvoir régler ses fournisseurs et sera fermée, au moins, toute la semaine prochaine. Pour rappel, le 13 juin dernier, Swedish Automobile a pourtant accepté de vendre plus de 50% de ses actions à deux groupes chinois: le distributeur automobile Pang Da et le constructeur Zhejiang Youngman Lotus Automobile, qui apporteraient 245 millions d'euros. Cette dernière à aussi conclu cette semaine la vente des murs de son usine, et envisage également un nouvel accord d'investissement a, rapporté le quotidien financier suédois Dagens Industri. Ces deux opérations pourraient rapporter au total 700 millions de couronnes, soit 77 millions d'euros au constructeur scandinave, détenu par le néerlandais Spyker, précise le journal, Quant à la seule vente de l'usine rapporterait 280 millions de couronnes soit 31 millions d'euros. Ces investissement, encore soumis à l'approbation des autorités chinoises et européennes, résoudraient les problèmes de financement à moyen terme, mais la crise actuelle requiert des liquidités en urgence. Si elle ne parvient pas à les réunir, l'entreprise pourrait rapidement déposer le bilan car la situation ne fait qu'empirer pour Saab ces deux, trois ou même dix dernières années et je ne vois aucune solution aux problèmes, indique Ferdinand Dudenhöffer, spécialiste allemand de l'automobile. Saab, trop petit, apparaît en effet peu compétitif face à ses puissants rivaux haut de gamme. Supérieures à 100 000 exemplaires avant la crise, ses ventes annuelles ont chuté à 32 000 voitures l'an passé, contre 50 000 visées. Le constructeur avait été sauvé une première fois de justesse début 2010, lorsque le Néerlandais Spyker l'avait racheté pour 400 millions de dollars à General Motors, qui souhaitait s'en séparer. Les difficultés de Saab ne datent pas d'hier, puisqu'en vingt années passées dans le giron de l'américain - qui l'avait il est vrai délaissé - le Suédois n'a pratiquement jamais gagné d'argent. Pour rappel, c'est Saab, constructeur suédois d'avions militaires depuis 1937 qui créa, en 1945, le département Saab automobile, adaptant la technologie avionique à l'automobile. Une naissance d'une conception et d'une fabrication automobile atypique. M. Gunnar Ljungström, un ingénieur en aéronautique, fut le responsable de la première voiture Saab. Un premier dessin date de mai 1945 et la ligne générale de la carrosserie épousait la silhouette d'une aile d'avion. Le groupe chargé du projet de la première voiture Saab 92 avait été détaché de la division aéronautique Saab et ne dépassait pas quinze personnes. Ces dernier affichaient de solides connaissances dans le domaine de la science aérodynamique dont le coefficient de traînée ne dépassant pas 0,32, ce qui est encore un chiffre remarquable de nos jours. C'est lors de la présentation à la presse, qui eut lieu le 10 Juin 1947, que Saab a eu la consécration officielle en tant que constructeur automobile. Cette dernière là a connu de nombreux succès en rallye durant la période des années 60 " Erik Carlsson " synonyme de succès en rallye à travers le monde. Ils étaient largement relatés dans les pages sportives de tous les journaux. Pour Saab, le terme qualité ne signifiait pas seulement que la voiture roule et ne casse pas. Il sous-entend toute une série de caractéristiques qui donnent de la personnalité à la voiture et qui exprime l'identité de son conducteur. Cela est de toute première importance, car le plaisir de la conduite est intimement lié au fait d'être bien assis. Et de tous temps, le design Saab a été caractérisé par une personnalité très forte, n'ayant de cesse d'affirmer sa différence au sein de la production automobile mondiale. De la Saab 92 à la nouvelle Saab, on observe une continuité dans l'individualisme de son style. Cependant, le constructeur est aujourd'hui frappé par d'importants problèmes de production en raison, tantôt de son incapacité à payer ses fournisseurs, tantôt de la pénurie de pièces détachées.