Le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, vice-président du Sénat français, effectuera du 3 au 6 décembre, une “visite de travail” en Algérie à la tête d'une délégation de 300 personnes, a annoncé, samedi, le ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement. La délégation sera composée de “patrons de grandes entreprises fortement intéressées par l'investissement et l'implantation en Algérie” et de personnalités du monde universitaire, médical et culturel de la région marseillaise, précise le communiqué. Des représentants du groupe de travaux publics Bouygues, de la SNCF, de Véolia (gestion des déchets, eau, énergie, transports), des Grands travaux du Midi (GTM), d'Axa (assurances), de la SNCM (transport maritime), et responsable d'Oth Consulting (ingénierie du bâtiment, industrie, infrastructures) feront partie de la délégation. A l'occasion de cette visite, des rencontres et tables rondes seront organisées avec les autorités de la wilaya d'Alger, des responsables de différents secteurs d'activités et les organisations professionnelles algériennes. Cette visite intervient après quelques jours de la visite qu'a effectuée le ministre de l'Intérieur français, Nicolas Sarkozy, et, à moins de quelques jours aussi de la visite du ministre français de l'Economie, Thérry Breton, attendu dans les prochains jours de décembre. Il faut dire que ce mouvement diplomatique français vers l'Algérie s'explique, selon des observateurs, par l'intérêt que porte Paris au marché algérien et les opportunités qu'il offre aux investisseurs surtout dans les domaines du pétrole et le gaz. D'ores et déjà, on annonce que la France devrait être le troisième pays du sud de l'Europe (après l'Espagne et l'Italie) à signer des accords gaziers avec l'Algérie, à l'occasion de la visite du ministre français de l'Economie Thierry Breton, en décembre prochain. Le contrat d'approvisionnement en gaz devrait être reconduit entre la Sonatrach et GDF pour une durée de 20 ans. Une augmentation du volume de gaz transitant par les gazoducs actuels mais, aussi, par le futur gazoduc Medgaz, est également prévue. Gaz de France devrait prendre une participation de 12% dans ce futur gazoduc, reliant directement l'Algérie à l'Espagne, puis à la France. Dans un contexte relativement tendu entre l'Europe et la Russie, la France cherche à sécuriser ses approvisionnements en énergie, mais aussi à diversifier ses fournisseurs. C'est pourquoi, la part des importations gazières avec l'Algérie passera de 12 % à 15 %. Pour rappel, la Foire internationale d'Oran du 6 au 15 novembre a été marquée par la forte participation française avec une cinquantaine d'entreprises et a montré l'intérêt que porte la France pour le marché algérien. Cet intérêt s'explique par les potentialités du marché algérien, d'ailleurs, la France est le premier fournisseur de l'Algérie avec une part de marché de 22%. Il est à rappeler, également, qu'il n'y a pas longtemps, des responsables de la Chambre française de commerce et d'industrie (CFCIA) étaient à Tlemcen en compagnie d'entreprises françaises. Objectif: rencontrer les patrons locaux et prospecter le marché. La coopération entre l'Algérie et la France pourrait bénéficier de l'adaptation de l'économie algérienne à l'économie de marché, selon Philippe Gorget, représentant de l'ambassade de France à Alger, qui s'exprimait lors du Forum d'El Moudjahid, lundi dernier. Il a déclaré que le projet “Fonds de solidarité prioritaire (FSP)” est “satisfaisant en termes de résultats” et que c'est “un instrument financier” que la France met à la disposition des pays classés dans “la zone prioritaire”, dont l'Algérie, dans le cadre de sa politique extérieure. Ce fonds a la particularité de financer des programmes pluriannuels, de les doter pendant 3 ans de “montants négociés mis en place sous forme de dons”. M. Gorget a, en outre, indiqué que la France réserve plusieurs projets FSP destinés à appuyer différents domaines : les institutions, la recherche, la culture, les infrastructures, le transport et l'économie. “Les portes sont ouvertes et les décisions seront prises à deux, dans le cadre du partenariat”, a-t-il ajouté. S'agissant des projets négociés avec l'Algérie, il a informé que le montant de l'aide française s'élève dans l'année entre 10 et 15 millions d'euros, dont le financement d'un projet dans l'enseignement supérieur (plus de 6 millions d'euros), d'un projet pour la lutte antiacridienne (2 millions d'euros) et un autre projet pour l'appui de l'économie algérienne (près de 3 millions d'euros). Il a, par ailleurs, rappelé qu'un projet de formation des professeurs de français dans le secondaire, d'une durée de 3 ans, sera lancé “dans quelques semaines” en Algérie. Signalons que le projet FSP pour l'appui de l'économie nationale, qui a été lancé en 2002 et qui prendra fin en décembre 2006, a été profitable pour la partie algérienne, selon les autres invités du forum, y compris dans l'accompagnement post-création de micro-entreprises. Le projet FSP, s'est traduit particulièrement par l'organisation de deux séminaires dans l'agro-alimentaire, en 2004 et en 2005, ainsi que par la formation de 150 auditeurs-qualité et le renforcement de certains organismes publics, à l'exemple de l'Institut national de l'urbanisme et du centre de contrôle de qualité de l'emballage. Il faut dire que pour beaucoup d'hommes d'affaires, ce mouvement économique entre l'Algérie et la France prouve que la politique n'influe plus sur l'économique en Algérie. Malgré les tensions politiques, les affaires entre les deux pays continuent et les entreprises françaises multiplient les voyages de prospection en Algérie.