" La marge de manœuvres des pays les plus développés est désormais très étroite en raison de l'entrée de l'économie mondiale dans une phase nouvelle et plus dangereuse ". Cette phrase lâchée par le président de la Banque mondiale, Robert Zoellick en l'occurrence, est révélatrice à plus d'un titre et en dit long sur le problème de la dette des pays européens jugé, plus inquiétant dans l'immédiat que les conséquences "à moyen et long terme" de la baisse de la note de la dette américaine, qui a provoqué la panique des marchés. "Nous sommes au début d'une tempête nouvelle et différente, ce n'est pas la même crise qu'en 2008", a-t-il déclaré dans une interview publiée hier, par l'hebdomadaire australien Weekend Australian. "Dans les quinze derniers jours, nous sommes passés d'une reprise difficile - avec une bonne croissance pour les pays émergents et quelques pays comme l'Australie mais bien plus hésitante pour les pays les plus développés - à une phase nouvelle et plus dangereuse", a-t-il expliqué. La crise dans la zone euro "pourrait bien être le problème le plus important" de l'économie mondiale, a ajouté M. Zoellick, engageant les pays européens à prendre les mesures nécessaires le plus rapidement possible. "La leçon de 2008, c'est que plus on attend et plus les mesures doivent être sévères", a-t-il rappelé, avant d'encourager le Premier ministre britannique, David Cameron, à maintenir, malgré les émeutes, les mesures d'austérité, qui sont "vraiment nécessaires". Il estimera enfin que cette crise était en train de transférer "très rapidement du point de vue historique" le pouvoir économique de l'Occident vers la Chine, qui pourtant "ne tient pas à ce rôle", préoccupée qu'elle est par ses propres soucis. Ebranlée, l'Europe tourne de nouveau les yeux vers le duo franco-allemand pour la préservation de la monnaie unique. La chancelière, Angela Merkel, doit rencontrer mardi à Paris le président Nicolas Sarkozy à un moment de forte tension pour l'euro, créé il y a douze ans. Après avoir consacré l'année 2010 et le premier semestre 2011 à tenter de renflouer la Grèce, l'Irlande et le Portugal, les dirigeants européens font face à une menace beaucoup plus lourde. L'Espagne, l'Italie et, ces derniers jours, la France ont en effet subi de virulentes attaques sur les marchés. A première vue, les choix qui s'offrent à Angela Merkel et à Nicolas Sarkozy, deux conservateurs d'âges voisins mais aux relations parfois malaisées, sont limités. Des pressions s'exercent en Allemagne sur la chancelière pour qu'elle résiste à des solutions audacieuses - émission d'obligations zone euro ou augmentation du Fonds européen de stabilisation financière (FESF) - que Bruxelles et d'autres capitales préconisent pour surmonter la crise. Le FESF est actuellement doté de 440 milliards d'euros. Mais le dirigeant français, dont la cote de popularité stagne à un niveau très bas, moins d'un an avant la présidentielle, cherchera sans doute à annoncer une initiative spectaculaire après une semaine où les titres des banques françaises ont été mis à mal et où ont circulé des rumeurs - démenties - voulant que la France soit sur le point de perdre sa note souveraine AAA.