Le président de la Banque mondiale Robert Zoellick a estimé dans une tribune publiée lundi sur le site internet du Financial Times que l'Europe avait surtout besoin d'un modèle de croissance durable face à la crise économique qui l'agite. "Il ne s'agit pas que d'avoir une austérité à toute épreuve, mais de trouver des voies durables vers la prospérité", a affirmé M. Zoellick. "L'UE et les pays développés d'ailleurs ont besoin de plus que de rigueur budgétaire, en particulier si cela passe par l'accumulation de plus d'impôts. Ils ont besoin de saisir les occasions venant de la croissance dans les pays en développement pour éviter leur propre décennie perdue", a-t-il poursuivi. Le président de l'institution multilatérale a comparé la situation de l'Europe à celle de l'Amérique latine dans les années 80, en proie à de profonds problèmes de dette publique, et contraints à de profondes réformes. "Certaines économies développées sont confrontées désormais à un problème semblable: le fait de vivre au dessus de ses moyens", a-t-il considéré. "Mais nous sommes face à la complication supplémentaire que des faiblesses dans certaines parties de l'Europe peuvent contaminer les systèmes monétaires, de crédit et même budgétaires de l'Union européenne, avec des conséquences dangereuses", a-t-il encore prévenu. Pour M. Zoellick, des leçons peuvent être tirées des pays en développement "qui montrent la voie" de la croissance. Ces pays "ont compris qu'une reprise durable dépend de la relance du secteur privé. Les entreprises investissent si le contexte de politique économique leur permet de réaliser un profit", a-t-il souligné. Les politiques économiques des pays en développement devraient être notre nouvelle source d'inspiration. C'est, en substance, ce qu'affirme Robert Zoellick, dans le Financial Times paru ce mardi. L'actuel président de la Banque mondiale préconise en effet des mesures libérales pour relancer le secteur privé, suivant l'exemple des pays en développement et à contre-courant des politiques européennes actuelles . Pour Zoellick, il faut remplacer la vision d'une "crise financière, partie 2" par celle d'un "défi pour une croissance durable, partie 1". Ce changement de vocabulaire n'est pas anodin:"Cette différence a des conséquences sur les choix politiques, explique-t-il. Trompez-vous de diagnostic et vous vous tromperez de traitement". Le remède à la crise ne réside donc pas, selon Zoellick, dans le fonds d'aide de 750 milliards d'euros mis en place par l'Union européenne qui peut tout au mieux faire gagner du temps à l'Europe. La solution ne viendra pas non plus des cures d'austérité drastique, surtout si celles-ci impliquent une augmentation de la fiscalité. Au contraire, le président de la Banque mondiale préconise des mesures qui stimulent les investissements, s'inspirant des pays en développement qui ont investi dans leurs infrastructures et réformé le secteur privé, en particulier les services. Zoellick s'appuie notamment sur l'exemple des pays asiatiques qui, l'année dernière, ont cherché "comment la dérégulation pouvait stimuler l'innovation et l'emploi" au moment où les économies développées se lançaient dans "un large mouvement régulateur".