L'Union européenne (UE) a étendu, avant-hier, une nouvelle fois ses sanctions contre la Syrie en ajoutant vingt nouveaux noms sur la liste des personnes et sociétés syriennes visées par un gel des avoirs et une interdiction de voyage. "Aujourd'hui, l'Union européenne est parvenue à un accord politique sur l'ajout de vingt personnes ou sociétés syriennes sur la liste de ceux visés par un gel des avoirs et une interdiction de visa", a déclaré la Haute Représentante de l'UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Catherine Ashton, dans un communiqué rendu public, avant-hier en fin d'après-midi. La chef de la diplomatie européenne a également fait savoir qu' "un accord politique a été atteint pour élargir les mesures de restriction à l'encontre du régime" du président syrien Bachar al- Assad. L'UE prépare de nouvelles mesures de restriction contre Damas, dont un embargo sur les importations de pétrole syrien, selon le communiqué, ajoutant que Bruxelles envisage également de suspendre l'assistance technique de la Banque européenne d'investissement et d'imposer un gel des avoirs et une interdiction de visa pour "ceux qui profitent ou soutiennent la politique du régime" du président Bachar al-Assad. Les nouvelles mesures de restriction proposées seront examinées par les ministres des Affaires étrangères de l'UE "au début de la semaine prochaine", a précisé Mme Ashton, qui a appelé jeudi le président Bachar al-Assad à quitter le pouvoir dans une déclaration faite au nom de l'UE. Le bloc européen a déjà adopté une série de sanctions à l' encontre de la Syrie, dont un gel des avoirs et une interdiction de voyage visant 35 personnes et quatre entreprises syriennes, ainsi qu'un embargo sur les armes. MOSCOU DEMANDE A L'OCCIDENT DE DONNER DU TEMPS AU PRESIDENT SYRIEN POUR APPLIQUER SES REFORMES La Russie ne soutient pas le dernier appel à la démission du président Bachar al-Assad lancé par les Etats-Unis et l'UE, a annoncé, avant-hier, le ministère russe des Affaires étrangères. Le président américain Barack Obama et les leaders européens ont appelé jeudi M. Assad à démissionner et ont imposé des sanctions plus strictes à Damas. "Nous ne soutenons pas ces appels et pensons que le régime de M. Assad mérite qu'on lui donne du temps pour achever toutes les réformes annoncées", a déclaré le porte-parole du ministère, Alexander Loukachevitch. Moscou pense que M. Assad en a fait assez pour résoudre la situation en annonçant une amnistie et des élections générales d'ici la fin de l'année, a-t-il indiqué. Le ministère a souligné l'importance de la dernière promesse de M. Assad de mettre un terme aux opérations militaires et de la décision de Damas d'accepter une mission de l'ONU, hier. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, et M. Assad se sont entendus cette semaine pour que Damas accepte la mission internationale. Par ailleurs, Aslambek Aslahanov, membre du Conseil de la Fédération du parlement russe, a déclaré vendredi à l'agence de presse Interfax qu'une délégation d'hommes politiques russes se rendra en Syrie dans les prochains jours. AU MOINS 20 MORTS DANS LA REPRESSION DES MANIFESTATIONS Des milliers de manifestants sont à nouveau descendus, avant-hier, dans les rues des villes et des villages de Syrie pour dénoncer le régime de Bachar el-Assad qui, en ouvrant une nouvelle fois le feu sur eux, a fait 20 morts dans leurs rangs, selon les associations de défense des droits de l'Homme. Des rassemblements ont notamment eu lieu à Damas, la capitale, dans les villes de Homs (centre), de Latakia (côte ouest), de Deir el-Zour (est) et dans la province de Deraa (sud), selon les Comités de coordination locaux et l'Observatoire syrien des droits de l'Homme. D'après l'Observatoire, basé à Londres, huit personnes ont été tuées dans le village de Ghabagheb (sud), cinq autres dans le village voisin de Hirak, trois à Homs, deux en banlieue de Damas, une à Inkhil et une à Nawa, deux villages du sud. Les comités de coordination ont pour leur part fait état de 22 morts, dans le sud de la Syrie pour la plupart. La télévision d'état syrienne affirme de son côté que des hommes armés ont tué par balles un policier à Ghabagheb et un autre dans la banlieue de Damas. Il était impossible de vérifier ces informations car Damas interdit l'accès à son territoire aux reporters étrangers et restreint la couverture de ces événements par les médias locaux. Bien que le président Bachar el-Assad ait assuré, mercredi soir, au secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon que les opérations militaires et policières avaient cessé, des soldats, des chars et des blindés de transports de troupes étaient déployés dans les localités contestataires. Selon un rapport de l'ONU qui conclut à la mort d'au moins 1.900 personnes dans les violences à la mi-juillet -soit quatre mois après le début du soulèvement-, les forces syriennes pourraient s'être rendues coupables de crimes contre l'humanité.