Le Conseil national de transition a exposé son plan de route, élection d'une assemblée constituante dans huit mois, présidentielle et législatives d'ici vingt mois. Une assemblée constituante sera élue dans environ huit mois et des élections, présidentielle et législatives seront organisées d'ici 20 mois en Libye, affirmait, hier, le représentant en Grande-Bretagne du Conseil national de transition (CNT), Guma al-Gamaty. "Nous avons établi un plan de route précis avec une période de transition de 20 mois", a déclaré Guma al-Gamaty à la radio BBC, en révélant les détails du calendrier électoral du CNT. Le CNT en place pour huit mois "Durant huit mois, le CNT dirigera la Libye avant qu'une assemblée élue par le peuple" ne prenne les commandes du pays pour rédiger une Constitution, et "au bout d'un an, des élections seront organisées", a-t-il ajouté. "Donc, nous avons huit mois et un an avant des élections finales à la fois parlementaires et présidentielle. Et avec un peu de chance, après environ 20 mois, le peuple libyen aura élu les dirigeants qu'il souhaite", a encore déclaré ce responsable du CNT, l'organe politique de la rébellion libyenne. Coup d'envoi de la transition Pour Gamaty, "le processus de transition a débuté", même si des combats se poursuivent entre les rebelles et des forces loyales à Mouammar Kadhafi, toujours en fuite. "Dans la mesure où Tripoli est stabilisé et sûr - ce qui est quasiment le cas maintenant - et que la plupart des autres villes du pays le sont aussi, les Libyens peuvent entamer le processus de transition". Le colonel Kadhafi "se cache, il est isolé", ajoute le représentant. Pour lui, il s'agit "seulement d'une question de temps avant qu'il ne soit arrêté, à moins qu'il ne soit tué s'il résiste". A Tripoli, vigilance et convoitises occidentales Autres temps, autres mœurs. Reçu en grande pompe à Paris il y a quatre ans, le colonel Kadhafi en était réduit, avant-hier, à tenter de jouer les trouble-fête en s'invitant clandestinement, par le biais d'appels à la résistance lancés sur les ondes syriennes, à la conférence des amis de la Libye réunie dans la capitale française. L'ironie du lieu choisi pour accueillir cet événement, l'Hôtel Marigny, celui-là même devant lequel le Guide avait planté sa tente en décembre 2007, n'a échappé à aucun de ceux qui avaient vu dans la visite du leader libyen, à l'époque, une cinglante humiliation pour la France. Mais, avant-hier, la France avait le beau rôle, et les amis sont venus nombreux. L'absence de l'Afrique du Sud, qui désapprouve l'intervention militaire de l'OTAN et son ingérence dans la révolution libyenne, n'a pas tout à fait réussi à assombrir le tableau : plus de 60 dirigeants étrangers et responsables d'organisations internationales avaient répondu à l'appel de David Cameron, le premier ministre britannique, et de Nicolas Sarkozy. Le tandem franco-britannique a montré, là, qu'il pouvait fonctionner aussi bien sur le terrain diplomatique que sur les théâtres d'opérations militaires. Ces opérations ne sont pas finies, et l'OTAN s'est engagée, avant-hier, à poursuivre sa mission d'appui aux rebelles libyens tant que le colonel Kadhafi et ses partisans resteront une menace. Mais la priorité est à présent la reconstruction du pays, physique et politique. Les dizaines de milliards de dollars libyens gelés dans des banques étrangères en vertu des sanctions internationales contre le régime Kadhafi devraient être progressivement débloqués: c'est un atout considérable pour les nouveaux dirigeants libyens. Ils n'auront pas à aller mendier auprès de laborieuses conférences de donateurs. La nouvelle Libye financera elle-même sa reconstruction. La communauté internationale n'en a pas moins un rôle important à jouer. D'abord, en subordonnant le déblocage de ces fonds au bon déroulement de la transition démocratique. Le président du Conseil national de transition libyen (CNT), Moustapha Abdeljalil, s'est engagé, à Paris, à assurer une "transition pacifique"dans le respect de l'"Etat de droit". Il est de la responsabilité des pays qui ont très concrètement appuyé l'insurrection libyenne d'être vigilants sur ce point. C'est sans doute Hillary Clinton, la secrétaire d'Etat américaine, qui a formulé cette exigence le plus clairement en mentionnant notamment les droits des femmes. Ensuite, en apportant son expertise et ses moyens industriels. Une moisson de contrats se profile, en particulier dans le secteur pétrolier, et l'on a vu à Paris certains pays occidentaux placer leurs pions pour récolter les fruits de leur engagement militaire. Il est, certes, plus glorieux pour la France ou la Grande-Bretagne d'investir dans la Libye démocratique que dans celle de Kadhafi. Mais se précipiter trop ostensiblement prêterait le flanc aux critiques qui, notamment en Afrique, accusent l'Occident d'avoir mené cette guerre pour le pétrole.