Le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, a jugé, hier, absolument impérieux de renforcer la surveillance économique de la zone euro. Il est "impérieux" de mettre en oeuvre les décisions prises par les chefs d'Etat et de gouvernement de la zone euro en juillet pour résoudre la crise de la dette grecque, a déclaré, hier, Jean-Claude Trichet, le président de la Banque centrale européenne (BCE). Les marchés boursiers européens sont de nouveau en net recul, hier, en raison des doutes croissants sur l'application du plan de soutien à la Grèce élaboré lors du sommet du 21 juillet. "Il est clair que nous avons un besoin absolument immédiat et impérieux que l'ensemble de ces décisions soient mises en oeuvre immédiatement", a dit Jean-Claude Trichet lors d'une conférence de l'Institut Montaigne, un "think tank", à Paris. "Une des recommandations les plus fortes", a-t-il insisté, "c'est de mettre en oeuvre de la manière la plus complète et la plus rigoureuse possible, de manière incontestable, les décisions qui viennent d'être prises." Le plan du 21 juillet, censé doter la zone euro des moyens financiers et institutionnels qui lui permettraient d'éviter une contagion de la crise grecque à l'ensemble de la zone euro, doit, pour entrer en oeuvre, être ratifié par le parlement de chacun des pays signataires. Or les obstacles politiques à une telle ratification se sont multipliés ces dernières semaines. La Finlande souhaite ainsi que sa contribution au plan grec soit garantie par Athènes et, en Slovaquie, le vote du parlement pourrait n'avoir lieu qu'en décembre. Ces incertitudes empêchent dans l'immédiat le renforcement des moyens financiers du Fonds européen de stabilité financière (FESF), qui doit notamment pouvoir racheter des obligations d'Etat pour soutenir les pays en difficulté. "NOUS SOMMES A MI-CHEMIN" Jean-Claude Trichet a estimé, plus largement, que dans l'objectif mondial d'accroître la "résilience" des entités individuelles, des institutions financières, des banques et de l'ensemble du système financier, "nous sommes à mi-chemin". "Nous voyons bien que nous avons fait des progrès important", a-t-il dit, citant les avancées obtenues au G20, au Forum de stabilité financière, et les règles de Bâle III sur le capital des institutions financières, en cours de discussion. "Toute notre expérience nous conduit à penser qu'il faut mettre en oeuvre ce qui a été décidé et certainement pas penser que la main pourrait trembler, ce serait probablement l'erreur la plus grave que nous puissions faire", a-t-il dit. "Il reste beaucoup de choses à faire, particulièrement au niveau du Comité de Bâle, du Forum de stabilité financière et au niveau du G20, notamment pour ce qui concerne les institutions systémiques au niveau mondial et national et les non-banques." Jean-Claude Trichet a de nouveau évoqué des pistes pour l'évolution à moyen et long terme de la gouvernance européenne. Il est ainsi, selon lui, possible d'imaginer à l'avenir que les décisions soient prises "depuis le centre du marché unique à monnaie unique" lorsqu'un pays se montre incapable d'appliquer les recommandations persistantes. Encore plus loin dans l'avenir, il est possible d'imaginer la création d'une confédération européenne, avec un gouvernement confédéral et notamment un ministre des Finances européens. Jean-Claude Trichet a d'autre part évoqué le problème "majeur" persistant du besoin de réformes structurelles en Europe afin d'accroître la croissance potentielle du continent, en évoquant en particulier l'agenda de Lisbonne pour la croissance.