La banque centrale du Japon (BoJ) a décidé, hier, à l'unanimité de ses neuf membres de maintenir son taux directeur dans la fourchette de 0,0% à 0,1%, afin d'aider le pays à contrer les effets de la déflation et de la cherté pénalisante du yen. L'institut d'émission n'a pas annoncé de nouvelles mesures d'assouplissement monétaire malgré une conjoncture mondiale instable, la batterie de dispositions déjà prises lui paraissant pour l'heure suffisante. Il a indiqué qu'il espérait toujours un retour de l'économie japonaise sur le chemin d'une croissance modérée entre la fin d'année et le début de la prochaine. "Les difficultés sur le front de l'offre consécutives à la catastrophe naturelle (du 11 mars) sont pour ainsi dire résorbées", a souligné la Banque dans un communiqué, la production et les exportations se redressant pour revenir quasiment au niveau d'avant le désastre qui avait fortement perturbé l'industrie. La banque centrale constate aussi un rebond de la demande privée. Les prix à la consommation tendent quant à eux globalement à rester à peu près au même niveau qu'un an plus tôt, en dépit d'un changement de base de référence qui a conduit à une révision à la baisse des données pour les six mois antérieurs à juillet. Une lente remontée est espérée par la suite, notamment du fait de l'augmentation des cours mondiaux de l'énergie et des matières premières. Les problèmes de dettes en Europe et les hoquets de l'économie américaine continuent cependant de constituer des sujets de préoccupation pour la banque. "Il est nécessaire de regarder attentivement de quelle façon la situation extérieure instable rejaillit sur l'économie japonaise ainsi que sur l'évolution des taux de change et les marchés financiers", écrit la BoJ. Elle a précisé que les mesures additionnelles d'assouplissement monétaire décidées début août se poursuivent régulièrement. La banque avait décidé le mois dernier d'étendre ses achats d'actifs et prêts, notamment pour contrer les effets négatifs de la cherté persistante et handicapante de la monnaie japonaise en favorisant l'octroi d'argent aux sociétés et particuliers pour les encourager à investir et à entretenir l'activité. Le gouverneur, Masaaki Shirakawa, avait précisé alors que les effets des mesures monétaires nouvellement prises nécessiteraient un peu de temps avant d'être ressentis. Ces dispositions supplémentaires avaient été annoncées quelques heures après une intervention massive sur le marché des changes conduite avec le gouvernement. Le 4 août, les autorités nippones ont vendu l'équivalent de plus de 4.500 milliards de yens (plus de 40 milliards d'euros) sur les places financières pour faire baisser la valeur de la devise japonaise face au dollar et à l'euro. Par la suite, le gouvernement de Naoto Kan, aujourd'hui remplacé par l'ex ministre des Finances Yoshihiko Noda, a mis en place un nouveau dispositif complémentaire afin de permettre aux entreprises de retourner à leur avantage la force du yen, en faisant des acquisitions de ressources et sociétés à l'étranger. Le nouveau ministre délégué japonais au Budget, Motohisa Furukawa, a dit espérer que l'institution applique "une politique monétaire appropriée qui permette de soutenir l'économie nippone, sur la base d'une coopération étroite avec le gouvernement", en prenant en compte le danger que représente l'escalade de la flambée du yen.