Les prix du pétrole remontaient sensiblement, hier, en fin d'échanges européens, soutenus par une chute plus forte que prévu des stocks de brut aux Etats-Unis, mais le marché restait sur ses gardes avant un discours très attendu du président américain Barack Obama sur l'emploi. La matinée, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre s'échangeait à 116,29 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 49 cents par rapport à la clôture de la veille. Sur le New York Mercantile Exchange, le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance grimpait de 53 cents, à 89,87 dollars. "Les prix ont fait bonne figure, aidés par la résistance des marchés boursiers, et ils ont nettement accrus leurs gains après les chiffres sur les stocks de brut américains, qui ont connu une dégringolade bien au-delà de ce qui était attendu", expliquait Michael Hewson, analyste du courtier CMC Markets. Selon les chiffres hebdomadaires du Département américain de l'Energie (DoE), les stocks de brut aux Etats-Unis ont reculé de 4 millions de barils lors de la semaine achevée le 2 septembre, alors que les analystes interrogés par l'agence Dow Jones Newswires tablaient sur une baisse limitée à 1,6 million de barils. Cette violente baisse s'explique notamment par les perturbations de la production d'hydrocarbures dans le golfe du Mexique (qui représente plus d'un quart de la production américaine de brut), à l'approche de la tempête tropicale Lee en fin de semaine dernière. Fort de ce rapport jugé "solide", les cours du pétrole ont ainsi conforté leurs gains, après s'être envolés, avant-hier, de 3,32 dollars à New York et de 2,91 dollars à Londres. Le prix du Brent a ainsi engrangé près de 7 dollars en l'espace de trois jours. "Mais cette récente hausse s'explique avant tout par des facteurs extérieurs (au marché du pétrole) ou alors très temporaires, et le niveau actuel des prix ne reflète que très peu le véritable état" de l'offre et de la demande de brut dans le monde, tempéraient les analystes de Commerzbank. L'agence gouvernementale américaine d'information sur l'Energie (EIA) a ainsi révisé en baisse sensible, avant-hier, sa prévision de demande mondiale de pétrole pour 2012. Et une nouvelle forte hausse des nouvelles inscriptions au chômage la semaine dernière, selon des chiffres publiés, hier, n'était pas pour rassurer les investisseurs, qui continuent de redouter un retour en récession des Etats-Unis, premier consommateur de brut de la planète. Dans ce contexte, "la prudence continue de dominer le marché du pétrole, particulièrement à quelques heures du discours de Barack Obama, qui devrait fournir quelques indications sur les perspectives économiques du pays", confirmait Myrto Sokou, analyste du courtier Sucden. Le président Obama devrait proposer d'injecter 300 milliards de dollars dans l'économie américaine pour lutter contre un chômage obstinément élevé. Les opérateurs continuaient de surveiller, hier, une nouvelle dépression se développant au sud du Golfe du Mexique au large de la péninsule du Yucatan, et l'ouragan Katia dans l'Atlantique, qui se rapprochait de la côte est américaine, région concentrant une partie significative des capacités de raffinerie du pays.