Le Premier ministre japonais, Yoshihiko Noda, a prévenu, hier, que la force actuelle du yen menaçait l'industrie du pays et la reconstruction des zones détruites par le séisme et le tsunami du 11 mars. La hausse historique du yen, couplée à la montée des pays émergents, représente une menace sans précédent pour notre industrie. Il existe un risque de désindustrialisation et de perte d'emplois. Si cela se produisait, nous n'arriverions pas à sortir de la déflation ni à reconstruire les zones sinistrées, a-t-il déclaré lors de son discours de politique générale. La devise japonaise évolue depuis plusieurs semaines à proximité de son plus haut niveau depuis 1945 face au dollar et de son record en dix ans vis-à-vis de l'euro, ce qui lamine la compétitivité des entreprises nippones à l'étranger. Nous devons prendre toutes les mesures possibles en coopération avec la banque centrale du Japon pour trouver une solution à ce problème, a souligné le Premier ministre de centre-gauche en poste depuis deux semaines. Le Japon est intervenu unilatéralement sur le marché des changes le 15 septembre 2010 et le 4 août 2011, vendant massivement des yens contre des dollars, sans réussir à affaiblir durablement la devise nippone. Une autre intervention, menée le 17 mars avec le soutien des pays riches du G7 quelques jours après le tsunami, n'a pas eu plus d'effet. La Banque du Japon a de son côté assoupli sa politique monétaire à plusieurs reprises pour tenter de faire baisser la valeur de la monnaie du pays. M. Noda a précisé que la troisième rallonge budgétaire que s'apprète à proposer le gouvernement, afin de financer la reconstruction, comprendrait des mesures d'aide aux entreprises touchées par le yen fort. Cette troisième enveloppe devrait porter sur plus de 10.000 milliards de yens (95 milliards d'euros), après les quelque 6.000 milliards de yens totalisés par les deux premières. Le Premier ministre a souligné que l'économie nippone, actuellement en récession, dépendait fortement des exportations, actuellement heurtées de plein fouet par la vigueur de la devise japonaise. Il a toutefois ajouté que les autorités allaient aussi aider les entreprises japonaises à exploiter les avantages du yen fort en achetant des sociétés à l'étranger et des parts dans des projets d'extraction de ressources naturelles. Parmi ces aides figurent des mesures exceptionnelles présentées fin août par M. Noda, alors qu'il était encore ministre des Finances du précédent gouvernement de Naoto Kan, dont la création d'un fonds de 100 milliards de dollars pour encourager les sociétés à investir à l'étranger.