Au moins 6 000 combattants des nouvelles autorités libyennes sont mobilisés sur le front de Syrte, un des derniers grands bastions du dirigeant déchu Mouammar Kadhafi, a affirmé, hier, un commandant du Conseil militaire de Misrata. Il y a 1.200 véhicules blindés et au moins 6.000 combattants dans et autour de Syrte, la plupart venus de Misrata, a déclaré le commandant Salem Jeha. Il a précisé que l'aéroport de Syrte était sous le contrôle total des combattants du Conseil national de transition (CNT) depuis, avant-hier soir. Nous nous concentrons désormais sur une poignée de bâtiments dans la ville et dans ses environs, notamment à Wadi Abou Hadi où les forces de Kadhafi sont concentrées, a-t-il expliqué. Il y a peut-être des poches de résistance mais ils ne seront pas capables de vaincre les forces massives des révolutionnaires, a assuré le commandant, affirmant: Cette question (la libération de Syrte) est réglée, c'est terminé. Notre objectif est désormais de libérer le Sud. Le lieutenant Abdel Wahid al-Agouri, un ancien officier de l'armée régulière, a affirmé de son côté que les pro-CNT contrôlaient maintenant l'autoroute et la partie sud de la ville. Le commandant Jeha a précisé avoir été informé du fait que la moitié des civils de la ville avaient fui, soulignant que les forces du CNT faisaient leur possible pour éviter toute perte humaine. Nous n'utilisons pas d'armes lourdes, sauf pour protéger nos révolutionnaires quand ils sont visés, a-t-il dit. Le lieutenant Agouri a confirmé que les pro-CNT avaient arrêté pour le moment de tirer à l'arme lourde, notamment au canon et aux roquettes Grad, afin de minimiser les pertes humaines et les dommages. Il a ajouté que les soldats issus comme lui de l'armée régulière continueraient à soutenir et à protéger les brigades de volontaires qui mènent l'offensive contre Syrte, tout en admettant des problèmes de coordination sur le terrain. Une personne, positionnée à un point de contrôle à 30 km à l'ouest de Syrte, a rapporté que des pick-up de plus en plus nombreux, avec à leur bord des combattants et des batteries antiaériennes, se dirigeaient vers le front, de même que des camions de munitions. Elle a ensuite vu un pick-up arriver avec à son bord trois prisonniers, des tireurs kadhafistes embusqués, d'après des combattants. L'un d'eux, âgé, portait des traces de coups et du sang coulait de sa tempe, tandis qu'un autre a dit avoir 19 ans, avant d'être violemment pris à partie par la foule, puis protégé par des combattants en raison de la présence de médias étrangers, selon les témoins sur place. Le Niger exclut pour l'instant de renvoyer Saadi Kadhafi Le Niger exclut pour l'instant de renvoyer en Libye Saadi Kadhafi, réfugié sur son sol et interdit de voyage par l'ONU, a déclaré, avant-hier, le gouvernement nigérien. Comme on lui demandait si Niamey allait remettre Saadi Kadhafi aux nouvelles autorités libyennes, le porte-parole du gouvernement, Marou Amadou, a répondu lors d'une conférence de presse: Non! Au regard de nos obligations internationales, nous ne pouvons pas renvoyer quelqu'un là où il n'a aucune chance de recevoir un procès équitable et là où il encourt la peine de mort. Par contre, si ce monsieur ou une autre personne est poursuivi par un tribunal indépendant qui a une compétence universelle de connaître des crimes quelconques dont il est poursuivi, alors le Niger fera son devoir, a-t-il ajouté. Lors d'une visite en Libye jeudi avec le Premier ministre britannique David Cameron, le président français Nicolas Sarkozy avait assuré faire confiance au Niger sur ce dossier. Nous n'avons aucune raison de douter du respect du droit international par les dirigeants du Niger, avait-il lancé. Nous sommes un gouvernement souverain et nous aviserons lorsque les requêtes ou des demandes sont reçues, a réagi Marou Amadou. Ce fils de Mouammar Kadhafi figure sur la liste des personnalités de l'ex-régime libyen frappées de sanctions par le Conseil de sécurité de l'ONU. Saadi Kadhafi, âgé de 38 ans, a tenté sans succès une carrière professionnelle dans le football en Italie, avant de diriger une unité d'élite de l'armée libyenne. Le Niger affirme accueillir sur son sol 32 proches de Kadhafi, dont trois généraux et l'ancien chef des brigades sécuritaires du régime. Niamey, qui a officiellement reconnu le Conseil national de transition (CNT) libyen, accueille ces pro-Kadhafi à titre humanitaire, a réaffirmé le porte-parole du gouvernement. Les autorités nigériennes ont promis de respecter leurs engagements auprès de la justice internationale concernant des pro-Kadhafi recherchés et réfugiés sur leur territoire. L'ONU lève des sanctions et va aider le nouveau pouvoir Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté, avant-hier, à l'unanimité une résolution qui lève en partie le gel des avoirs libyens. Elle prévoit aussi l'envoi d'une mission pour aider le nouveau pouvoir à organiser des élections et rédiger une nouvelle Constitution. Le Conseil s'est réjoui dans le texte de la résolution "d'une amélioration de la situation" en Libye. Il a fait part de sa détermination à s'assurer que les dizaines de milliards de dollars d'avoirs libyens gelés en février et mars "seront dès que possible mis à la disposition du peuple libyen". A la suite de discussions entre les quinze pays membres du Conseil ces derniers jours, une résolution complétée met davantage l'accent sur les droits humains, la nécessité d'inclure des femmes dans le processus de décision et la protection des immigrants africains, qui ont été la cible d'attaques. Mission sur place La résolution prévoit l'envoi d'une mission onusienne de trois mois pour aider le nouveau pouvoir dans la construction d'un nouvel Etat, la préparation d'élections et la rédaction d'une nouvelle Constitution. Elle lève le gel des avoirs et autres mesures imposées à la Corporation nationale du pétrole libyen et à la compagnie pétrolière Zweitina. Même chose pour la banque centrale, la Libyan Arab Foreign Bank, la Libyan Investment Authority et la société d'investissements Libyan African Investment Portfolio. Avant-hier, l'Assemblée générale de 193 Etats membres a quant à elle voté à une majorité de 114 voix pour et 17 contre la remise au Conseil national de transition (CNT) du siège de la Libye à l'ONU.