Air France-KLM a choisi de couper la poire en deux entre le constructeur européen Airbus et son concurrent américain Boeing en attribuant à chacun la moitié d'une commande ferme de cinquante long-courriers, pour un prix catalogue de 12 milliards de dollars. Cette commande ferme, destinée à assurer le renouvellement d'une partie de la flotte, porte sur 25 Boeing 787-9 Dreamliner et 25 A350-900, des appareils pas encore opérationnels, ont indiqué, hier, la compagnie aérienne et les deux constructeurs aéronautiques. Elle est assortie d'options d'achat pour 60 autres appareils (dont 25 pour Boeing, selon ce dernier), ce qui porte à 110 le nombre total d'appareils si toutes les options sont exercées, pour un montant global de 26,96 milliards de dollars (environ 19,5 milliards d'euros). La compagnie aérienne, qui indique que la finalisation des contrats est prévue pour la fin de l'année, souligne que ces acquisitions "sont dimensionnées pour être financées par le cash-flow généré par les opérations du groupe". Air France-KLM indique qu'à l'horizon 2024, elle opèrera 43 Airbus A350-900 et 30 Boeing 787-9, ce qui représente, uniquement pour ces 73 appareils, une valeur catalogue de 18 milliards de dollars. Airbus précise de son côté que la compagnie franco-néerlandaise compte acquérir jusqu'à 60 A350. Air France-KLM, détenu à 15,7% par l'Etat français, avait subi la pression politique de parlementaires français qui avaient publié une pétition de plus de 180 députés pour que le groupe favorise Airbus pour cette méga-commande. Dans son communiqué, Air France-KLM a pris soin de souligner que sa décision s'appuyait sur les caractéristiques techniques et les performances des appareils. "Pour sa première commande commune, le groupe Air France-KLM a fait son choix à la suite d'une évaluation détaillée faisant apparaître tous les avantages de chacun des appareils, notamment leurs performances énergétiques et environnementales", a commenté Pierre-Henri Gourgeon, le directeur général de la compagnie aérienne. Le premier B787-9 entrera en service chez KLM en 2016, tandis que le premier Airbus A350-900 entrera en service chez Air France en 2018. Les options permettent de sécuriser les créneaux de livraison alors que les carnets de commande des deux constructeurs explosent. Ces nouveaux avions, plus économes en carburant grâce à leurs nombreux matériaux composites, sont appelés à remplacer les Airbus A340 d'Air France et les MD11 (Boeing) de KLM. A terme, les deux compagnies opèreront les deux types d'appareils, des biréacteurs, indique Air France-KLM. Pour l'heure, la flotte long-courrier de la compagnie compte 73 Boeing et 35 Airbus, mais uniquement des Airbus pour ses moyen-courriers. Les Airbus A350-900 seront équipés du moteur Rolls-Royce Trent XWB, seule motorisation proposée pour cet appareil par le constructeur, indique Air France-KLM, qui souligne que le choix de la motorisation des B787-9 sera fait ultérieurement. La compagnie ajoute que sa filiale Air France Industries pourra assurer la maintenance et l'entretien de ces appareils et leurs moteurs. Les deux constructeurs et le motoriste ont salué le fait d'avoir été choisis. "Nous sommes fiers que notre nouvel A350 XWB d'une efficacité hors pair contribue au succès à long terme d'Air France-KLM", a déclaré John Leahy, le directeur commercial d'Airbus. "Le 787 Dreamliner sera extrêmement profitable pour les deux compagnies et complètera parfaitement leurs flottes de Boeing long-courrier", a de son côté commenté Jim Albaugh, président-directeur général pour l'aviation civile de Boeing. Le titre Air France-KLM gagnait 1,48% à 6,15 euros à 12H30 à la Bourse de Paris, tandis que celui d'EADS, la maison-mère d'Airbus, perdait 0,92% à 22,05 euros, dans un marché en progression de 0,44%.