Le groupe internet Google vit dans la peur de la concurrence en dépit de la puissance actuelle de son moteur de recherche, a affirmé, avant-hier, son président exécutif Eric Schmidt, appelé à expliquer les pratiques du groupes lors d'une audition parlementaire à Washington. Nous vivons avec la peur que les consommateurs passent extrêmement vite à d'autres services (que les nôtres), a assuré M. Schmidt devant la sous-commission sénatoriale sur la concurrence et les droits des consommateurs. Ce qui est bien avec la liberté fondamentale d'internet c'est que, si les consommateurs n'aiment pas ce que leur fournit un site, d'un clic ils peuvent passer à un autre site, a-t-il encore fait valoir. Selon M. Schmidt, la plupart des critiques exprimées contre le groupe californien émanent de sites qui n'aiment pas leur positionnement dans la page de résultats (du moteur) de recherche de Google. Nous avons bâti (le moteur de) recherche pour les internautes, pas pour les sites, et quoi que nous fassions, il y aura toujours des sites internet qui ne seront pas contents de leur positionnement, a ajouté M. Schmidt, plaidant que la recherche est subjective, et il n'y a pas de résultats 'corrects' à une recherche. Le sénateur républicain Mike Lee (Utah, ouest) n'a pas semblé convaincu, citant une étude selon laquelle les produits Google (cartes etc.) avaient une capacité remarquable à régulièrement apparaître en troisième position: vous avez trafiqué pour être toujours troisième, a-t-il accusé. Je peux vous assurer que nous n'avons rien trafiqué, a répondu M. Schmidt. Notre procédé scientifique est censé fournir les réponses que les consommateurs jugeront les plus utiles, a encore assuré M. Schmidt, qui a cédé en avril les fonctions de directeur général du groupe au co-fondateur Larry Page, après dix ans au poste de PDG. L'audition était organisée alors que Google fait l'objet d'enquêtes formelles lancées par les services de la concurrence européen et américain. M. Schmidt a relevé que jusqu'à présent toutes les procédures antitrust contre Google avaient été classées. Je crois que cela illustre que nos principes, et en particulier la priorité que nous donnons aux consommateurs, sont les mêmes valeurs gouvernant les législations antitrust, a-t-il dit. M. Schmidt a aussi assuré que Google avait intégré les leçons tirées des procédures antitrust ayant visé Microsoft pendant de longues années. Il y a 20 ans un grand groupe technologique faisait la révolution, a-t-il dit. Mais cette entreprise a perdu de vue le plus important, et Washington est intervenu. Beaucoup d'entre nous dans la Silicon Valley ont absorbé les leçons de cette époque, a assuré M. Schmidt. Depuis sa fondation dans un garage californien en 1998, Google s'est développé bien au-delà de son coeur de métier qu'est son moteur de recherche, qui rapporte encore la plus grande partie de ses revenus, en prenant pied dans le domaine marchand, le voyage, la cartographie, les applications bureautiques, la vidéo et les systèmes d'exploitation pour téléphones ou ordinateurs. Son seul moteur de recherche a une part de marché de 64,8% aux Etats-Unis, selon le cabinet ComScore, loin devant son dauphin Yahoo! (16,3%) et Microsoft (14,7%) (Chiffres d'août).