A défaut d'une existence réelle d'une école de cinéma, les pouvoirs publics et à leur tête le ministère de la Culture ont initié depuis quelques années des programmes précaires et épisodiques de formation au métier de cinéma.L'art de produire des images et du son étant absolument glouton parce que nécessitant l'intervention de pas mal de techniciens, l'Algérie de 2011 qui voit vieillir ses cinéastes et voit réduire en poussière les espaces de production et de formation, est contrainte de se mettre à la production de ses propres images avec une nouvelle génération de jeunes cinéastes. Un défi pour une contrée qui cherche éperdument, avec des moyens pas assez lourds, pas assez solides, d'avoir des " ressources humaines" dans le domaine aussi idéologique qu'artistique qu'est le cinéma. C'est ainsi que dans le cadre des échanges culturels algéro-français, pleins de courts-métrages d'écoles de cinéma sélectionnés au dernier Festival international de Poitiers (France) seront présentés du 28 septembre au 6 octobre prochains à Alger, Constantine et Oran, selon l'animateur de ces rencontres. L'objectif de ces rendez-vous, est justement de faire montrer l'importance de la formation dans les divers métiers du 7e Art. Produire des images nécessite comme tout le monde le sait, du personnel performant dans pas mal de secteurs, et ça l'Algérie en manque cruellement au point où certains cinéastes font appel à des étrangers qu'ils payent à coup de devises, afin de monter une œuvre correcte sur le plan technique. Cette prochaine rencontre verra d'ailleurs la présentation d'une vingtaine d'œuvres documentaires, de fiction et d'animation produite par diverses écoles de cinéma, a précisé El-Hadj Bensalah, consultant en cinéma et ancien directeur de la cinémathèque d'Oran. Les projections de ces courts-métrages nominés à la dernière édition du Festival de Poitiers permettront également d'évoquer le parcours de Henri Langlois (1914-1977), fondateur de la Cinémathèque française qui encouragea la création de la Cinémathèque algérienne. Le Festival international des écoles de cinéma de Poitiers est aussi appelé Rencontres Henri Langlois en hommage à son initiateur qui est considéré comme le pionnier de la conservation et restauration de films, selon toujours Bensalah qui rappelle dans la foulée que ce festival a révélé nombre de cinéastes à l'instar de l'Algérien Nassim Amaouche. Une sélection de films d'écoles avait été présentée en 2007 à Oran et Tlemcen par le directeur du festival, Luc Engelibert et sa collaboratrice Mme Christine Masse qui ont organisé l'année suivante un Focus sur les écoles de cinéma africaines à Poitiers. Bensalah qui a été membre du jury du Festival de Poitiers en 2000, est diplômé de l'Institut supérieur de cinéma de Bruxelles (Belgique, 1974) où il a consacré son mémoire de fin d'études à la musique de films et réalisé deux courts-métrages dans le cadre de sa formation, intitulés La Rencontre et Le Maroc au 2 visages. Sa contribution à la promotion du 7e Art a permis la programmation, en 2001 à Poitiers, d'une séance dédiée spécialement au court-métrage algérien, avec la présentation du film d'animation Bouzid et le train de Slim, Elles de Ahmed Lallem, La Boîte dans le désert´´ de Brahim Tsaki et La Damnée d'El-Hadi Guellal. Les projections à Alger, Constantine et Oran sont prévues respectivement les 28, 29 septembre et le 6 octobre dans les Centres culturels français. De la formation à tout prix Il faut rappeler qu'il y a quelque temps, l'Association des réalisateurs professionnels algériens (ARPA) avait lancé la première vague d'une série de stages destinés aux scénaristes. Une douzaine d'auteurs et écrivains pour la plupart, avaient été initiés durant trois semaines bloquées aux techniques rédactionnelles du scénario. Ils étaient d'ailleurs -dans le cadre des échanges canadiens- encadrés par Marcel Beaulieu, un scénariste formateur canadien connu dans les milieux du cinéma universel. Cette rencontre que parrainait le cinéaste Belkacem Hadjadj fut motivée par l'envie de produire de belles images avec des gens qui maitrisent les différents métiers du cinéma. " Le scénario reste la matière première avec laquelle le film est construit. " disait le cinéaste algérien. Un stage pour ingénieurs du son a également été initié dans ce sens par l'entité des réalisateurs. Et même le débat sur le scénario, a été abordé lors d'une journée d'étude, initiée d'ailleurs conjointement par le ministère de la Culture et le service culturel de l'ambassade de France. "Quatre lois immuables qu'un scénariste ne doit pas perdre de vue. La lumière qui est plus rapide que le son. Elle implique, le geste, le mouvement, par la suite vient s'y greffer le son. Le son, est à la remorque de la lumière."expliquait lors de cette journée, Marcel Beaulieu ajoutant que " la deuxième loi est celle qui implique que tout élément a son contraire. L'écran noir contre lumière, silence et parole qui font partie tous les deux du dialogue. Rien n'est fortuit ni superflu. La troisième loi est celle qui consiste à assimiler la scénarisation à un réflexe. Un geste renseigne sur un comportement. S'il est répété, il est automatiquement perçu comme trait dominant chez un personnage du film. Quant à la quatrième loi, elle concerne le fil conducteur et la capacité à tenir en haleine mais surtout l'attention du spectateur. Celui-ci doit rester intéressé jusqu'à la fin mais si le geste reste indéterminé et sans fin, le spectateur est perdu. Il est difficile pour le scénariste de le récupérer. Le talent du scénariste réside dans le fait que quand son texte planifié est terminé, il arrive à le voir beau et émotif comme s'il était déjà porté sur l'écran. Le scénario n'est en fait qu'un film écrit dont on arrive à entrevoir le défilement des images. S'agissant des règles générales, "il faut les connaitre et ruser pour les transgresser ", expliquait-il encore. Tout un programme !