Dix heures moins dix. Une houle de jeunes sont adossés contre le cordon de sécurité déployé à l'entrée de l'immense chapiteau où se déroule, depuis le 24 septembre dernier, la 16ème édition du Salon international du livre d'Alger, (SILA) qui se clôture d'ailleurs ce soir. A l'intérieur, les responsables des différents stands sont déjà installés, leur téléphone n'arrête pas. Chez Gallimard, un stand qui a gagné 50m2 de plus que l'an dernier, quelques cinquantenaires fouinaient dans les rayons inondés d'incontournables classiques, édité en livre de poche et vendu pour assez chez, pas en dessus de 700DA pour un seul titre. Mais chez Gallimard, on fait des rabais, on offre un livre jeunesse pour un livre acheté. Des rabais pas sur toutes les collections mais uniquement sur le coffret de Benjamin Stora, (3400 au lieu 4500), la Grande Encyclopédie des mers et de la nature, vendue à 3950 au lieu de 4500. La représentante des ces éditions trouvent qu'il ya moins de monde que l'an dernier, "c'est peut être une impression puisque le stand est plus grand." dit-elle étonné. "Mais quand même, il ya beaucoup de ventes et plus de choix " précise t- elle entre deux coup de fils. Autant visible que Gallimard, le stand Casbah tourne à plein régime. Les nouveautés, il y en une bonne dizaine et les acheteurs ne manquent pas. " La désirante " et " Tu ne mourras plus demain", les nouveautés respectives de Malika Mokkedem et Anouar Benmalek, sont bien mis en évidence sur la longue table, à porté de main. L'un comme l'autre coûte pas plus de 600 DA et " çà se vend assez bien " selon le responsable du stand. Autre nouveauté qui s'est vendu comme des petits pains, c'est "Le dictionnaire de l'interprétation des rêves selon l'Islam" de Mohand Akli Haddadou (850 DA) Ali Dilem, vedette du salon Mais ce qui a provoqué un incroyable rush au niveau de ce même stand, c'est "L'Algérie, mon humour" de Ali Dilem. "L'événement de la foire, c'était çà et je pense même que c'est le livre vedette de ce salon" soutient Ali Bey de la librairie du Tiers Monde qui ajoute que "la vente dédicace du caricaturiste Ali Dilem a éclipsé toutes les autres ventes dédicace". Ce libraire va plus loin, en disant que dorénavant, il faut penser à consacrer une journée aux vedettes seulement, parce que sinon c'est pas possible. " Le livre de Dilem se vend à 1200 DA et on se l'arrache, selon le responsable de ce même stand. "Je vais l'envoyer aux Etats- Unis pour des amis. " lance une chercheuse venue de la ville d'Oran, contente de l'avoir acheté. L'humour autant que la provoc, sont les ingrédients essentiels d'un Dilem, révolté, touchant et incroyablement drôle. Jeudi dernier, Ali Dilem a fait une deuxième vente, dédicace, et c'était pareil, un flot humain s'était déversé sur lui ! Pas autant de monde que l'an dernier "Les week, ends, c'est la foule "folle ", les autres jours vous voyez comme c'est calme". Remarque quasi-unanime qui émane des différents représentants des maisons d'édition qui participent à ce salon, du monde il n'y a pas eu comme les années précédentes." A quoi c'est dû ? " A la chaleur étouffante qui règne dans le chapiteau" remarque la représentante de Chihab qui brandit la réédition de la trilogie dibienne, "Les terrasses d'Orsol", "Neige de marbre ", " Le sommeil d'Eve" qui " marcher assez bien, tout comme l'est d'ailleurs "Les miroirs aux alouettes " de Badreddine Mili. Des livres qui ne coutent pas très cher, 600 DA, et dont on a vendu pas mal lors de ce rendez vous, avec à peu prés, "100 ventes, jour". Mais ce qui a fait les bénéfices de Chihab, ce n'est sans doute pas ces romans algériens, mais le parascolaires qu'il importe de chez Hachette. Les parents des élèves inscrits à l'Ecole internationale de Ben Aknoun repartent bardés jusqu'au cou. "C'est là que je trouve pratiquement tout ce qu'il faut pour les appuis didactiques de mes enfants " dit une mère étrangère. Les romans de poche ne sont pas en reste et selon le représentant de cette maison d'édition, " il n'y a que les riches qui achètent. Çà coute très cher, les mangas et livres de poche qui marchent d'ailleurs très bien." Les éditions publiques de l'ENAG qui reviennent de très loin, eux qui ont échappés de justesse aux ajustements structurels imposés par le FMI dans les années 90, ne font pas le plein. "Je ne sais pas pourquoi, cette année c'est plutôt calme. Ce salon vient tout juste après le ramadhan et après la rentrée scolaire, les tirelires des ménages sont vides. " explique la représentante de l'ENAG qui ajoute que l'an dernier, " je ne pouvais pas me permettre une petite discussion comme çà, tant j'étais collé à la caisse. Là vous voyez, c'est pratiquement vide ". Pas étonnant lorsque les stands présentent des vrilleries ou des choses inintéressantes dans une édition morne et sombre. Tout de même le livre qui cartonne chez l'ENAG, c'est un livre utilitaire parce que didactique, "Grammaire pour lire et écrire." çà coûte pas très cher, 600 DA, et les parents achètent. Un calme feutré Au stand Sedia, c'est le calme feutré. Pas beaucoup d'ouvrages sur les étals, et la traduction en arabe de la trilogie de Dib, " Grande maison", "L'incendie" et "Le métier à tisser" est bien mise en évidence, autant d'ailleurs que la réédition de "L'écrivain" de Yasmina Khadra, un des auteurs phare avec Ahlem Mostaghanemi de ces éditions. N'empêche que ce m'est pas le rush et les anciennes éditions semblaient dormir depuis des lustres dans leur gros papier. "Je crois que Dib intéresse mais en français plus qu'en arabe. Les gens sont enthousiastes à l'idée de voir cette traduction mais ne vont pas jusqu'à acheter. En ce moment, c'est calme et on le sait parce qu'on prépare quelque chose pour bientôt." explique Nacira Khiat, attachée de presse de Sedia. Même ambiance chez la mitoyenne, Alpha qui présente, bien évidemment, ces nouveautés comme " Doumia " de Fatima Bakhai, " D'aveux et de la nostalgie " de Zhor Ounissi, " En épiant l'Histoire " d'Amar Belkhodja, en première ligne, et qui marche "assez fort" dit le représentant de cette maison. Tout compte fait, si telle ou telle maison d'édition n'a pas pignon sur rue, c'est que ces produits n'intéressent pas ou que les propositions livresques qu'on y fait ne sont pas variées ni quantitatives. La preuve, chez Gallimard ou Hachette, le livre coûte cher certes, mais on y afflue qu'on soit jeune ou moins jeune. Comme chaque année, la star des ventes c'est le livre religieux et c'est très visible lorsque des barbus en kamis déambulent avec des cartons bourrés de ces livres là. Des ouvrages que la quasi-totalité des maisons arabes proposent