La 14e édition du Salon international du livre d'Alger, qui se poursuivra jusqu'au 6 novembre prochain, a été inaugurée hier après-midi par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Contrairement à l'année dernière, où il s'était attardé sur les stands, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a procédé en coup de vent à la traditionnelle visite inaugurale du Salon international du livre d'Alger, au complexe Mohamed-Boudiaf. Le chef de l'Etat était accompagné d'un grand nombre de ses ministres, à leur tête le Chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, la ministre de la Culture, Khalida Toumi, le représentant personnel du président de la République et secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, et le ministre de l'Intérieur, Noureddine Yazid Zerhouni. L'écrivaine Ahlem Mestghanemi, invitée d'honneur de cette 14e édition, était également présente. Arrivé vers 15h, M. Bouteflika, et malgré sa visite brève et hâtive, s'est montré intéressé en visitant les stands des éditeurs, notamment ceux de Gallimard, Casbah, Apic, Opu, Anep et Dalimen. Le Président a interrogé le responsable du stand de l'Agence nationale pour l'édition et la publicité (Anep) — ancien organisateur du Sila — sur le nombre de livres édités en arabe et ceux édités en français ; et le représentant de l'Anep de répondre que les publications se font en arabe et en français à parts égales. Au stand des éditions Casbah, M. Bouteflika a demandé le genre d'ouvrages publiés par cet éditeur. Arrêté au milieu de son parcours par un exposant d'Egypte et un autre d'Arabie Saoudite, les deux exposants exprimeront leur sympathie et leur estime pour M. Bouteflika. Le président de la République quittera le chapiteau du complexe Mohamed-Boudiaf, non sans quelques livres avec lui. La ministre de la Culture, Khalida Toumi, a pour sa part continué son inspection tout en faisant une déclaration à la presse, après avoir été interpellé, entre autres, sur la saisie du roman Poutakhine, de Mehdi El-Djazaïri, dans les librairies d'Alger. Excédée, Mme Toumi a déclaré que “je suis attristée de constater qu'il y a des gens qui ne savent pas ce que c'est qu'un Salon du livre. Dans tous les salons du monde, le débat c'est combien de titres ont été vendus, combien de droits ont été achetés. Alors, j'aime trop mon pays pour qu'il se donne en spectacle, des gens qui n'ont rien à voir avec le livre écrivent dessus. Est-ce que vous mesurez seulement la responsabilité d'écrire sur le livre ? Est-ce que vous mesurez donc ce que c'est de savoir ce qu'est un Salon du livre ? Alors, trouvez-moi un papier où on a posé la question centrale d'un Salon du livre de par le monde, qui est l'échange de droits. Qui a acheté des droits et à qui ?” Inspirée, la ministre de la Culture a ajouté que “lorsqu'on ne sait pas qu'il y a un pays au monde où il y a une rentrée littéraire, c'est la France, on ne s'occupe pas de livres. Je suis triste de constater que l'élément fondamental dans la vie d'une nation — le livre — n'est pas pris au sérieux. Et les questions fondamentales qui se posent à un Salon du livre ne se posent à personne. Et ça c'est triste. Je crois que c'est une faute collective.” Concernant la censure, la ministre a expliqué qu'il y avait un décret, une réglementation qui dit clairement les livres qui ne sont pas autorisés à entrer dans le pays, car dans certains cas, il y va de la sécurité du pays. Apaisée et plus souriante, la ministre de la Culture est revenue à des sentiments plus sereins, et a continué son inspection. Elle s'est d'ailleurs attablée au stand de la Palestine, invitée d'honneur de ce 14e Sila, et a discuté notamment avec l'ambassadeur de la Palestine à Alger, Mohamed El-Hourani. Tout le monde est donc revenu à des sentiments plus sereins et a retrouvé le sourire après un stress sans précédent. Mais cette sérénité n'est que de courte durée, puisqu'à partir d'aujourd'hui, le public est attendu au grand chapiteau du complexe Mohamed-Boudiaf. Tout semble prêt et bien organisé d'ailleurs. En effet, à l'entrée de la salle d'expositions où il n'y a d'ailleurs aucune séparation, comme lors des éditions précédentes, entre éditeurs francophones et arabophones, il y a un plan du chapiteau. Comme une carte de métro, ce plan permet de se repérer et de retrouver les stands de ses éditeurs préférés. Parmi les stands les plus joliment décorés, on trouve celui de Dalimen, Alpha, Casbah, et même celui d'esprit Panaf : un stand dédié à l'Afrique, invitée d'honneur également de cette édition. Bizarrement, sur ce plan on lit le nom d'“Abassa com”, l'institut de sondage qui avait un stand. C'est ce même institut qui fait la promotion du roman pamphlétaire et polémique Poutakhine, de Mehdi El-Djazaïri. Le stand est vide et l'inscription enlevée, mais sur le plan, le nom de cet institut-éditeur figure toujours. Le bon côté des choses est qu'il y a moins de cartons cette année que lors des éditions précédentes et les éditeurs, aussi bien algériens qu'étrangers, semblent fin prêts pour recevoir le public, dans un nouvel espace, qui donne un côté plus professionnel au Salon du livre d'Alger. Tout commence aujourd'hui…